Avec Les signes vitaux, Sophie Deraspe explore le fil ténu qui retient le mourant à la vie. Entourée de Marie-Hélène Bellavance et de Francis Ducharme, la réalisatrice signe un deuxième film intime, pudique et gracieux, déjà remarqué à l’étranger.


Sophie Deraspe s’était révélée au cinéma québécois avec un «docu-menteur» facétieux et joueur, Rechercher Victor Pellerin. Dans Les signes vitaux, la jeune femme change de ton et troque les pépiements du milieu de l’art contemporain contre le silence d’un centre de soins palliatifs.


«Je me rappelle avoir fait le sous-titrage de Victor Pellerin: c’était long! Pour Les signes vitaux, il y avait peu de mots. Je voulais que beaucoup de choses passent par l’expérience sensorielle, qu’il y ait dans les corps le rapport à l’intimité», analyse Sophie Deraspe.


Dans Les signes vitaux, Sophie Deraspe a imaginé la quête d’une jeune femme, Simone (Marie-Hélène Bellavance), qui, arrivée par hasard dans un centre de soins palliatifs, se lie d’affection pour ce lieu et ses occupants, ce qui la place aussi face à ses propres peurs.


«Je savais que je toucherais un sujet tabou avec ce film: la mort. Mais je m’intéresse beaucoup à la vie et à ce qui est important dans la vie», dit Sophie Deraspe. En cours d’écriture, la réalisatrice a visité elle-même ces centres, les patients et les soignants. Pourtant, le désir de fiction ne s’est jamais démenti.


«J’avais envie d’écrire un personnage qui vit une histoire d’amour, et qui doit laisser d’autres personnes entrer dans sa vie, explique Sophie Deraspe. Autrement, le processus documentaire était important pour arriver à une certaine vérité.»


Une rencontre déterminante
La rencontre fondamentale dans l’écriture du film a été celle de la réalisatrice avec Marie-Hélène Bellavance, artiste et danseuse qui fait ses premiers pas au grand écran devant la caméra de Sophie Deraspe. «J’avais un synopsis, j’étais au début du scénario quand je l’ai rencontrée, se souvient la cinéaste. Je me suis dit que cette fille belle et rayonnante avait en même temps cette extrême vulnérabilité.»


Marie-Hélène Bellavance a, comme son personnage, un handicap physique, d’abord invisible et qui a inspiré la réalisatrice. «Je voulais révéler cette vulnérabilité, que ce soit visuel, je voulais révéler ce corps qui a besoin de l’autre pour vivre adéquatement», dit-elle.


Entourée d’acteurs professionnels et de non-professionnels, Sophie Deraspe trouve, dans le monde des soins palliatifs, une intensité rare. La proximité avec la mort crée «une intensité qui nous rapproche de la vie», croit-elle.


Danielle Ouimet
Par ailleurs, Danielle Ouimet, la Valérie de Denis Héroux, fait son retour au grand écran dans la peau d’une femme atteinte d’un cancer en phase terminale. «Elle a un charisme et une beauté qui saisissent l’écran», estime Sophie Deraspe.


Les signes vitaux s’est déjà promené dans les festivals au Canada comme à l’étranger (entre autres à Rotterdam), mais Sophie Deraspe pense déjà à la suite et écrit deux scénarios en ce moment, en fiction et en documentaire. Ce qu’il faut lui souhaiter à l’avenir?


«Ce que je souhaite, c’est avoir plus de jours de tournage. On a tous été hyper débrouillards pour le film, mais il y a aussi eu beaucoup de choses artisanales, de choses faites dans mon salon. Je voudrais aussi plus de temps avec mes comédiens.»


Les signes vitaux prend l’affiche le vendredi 5 mars.