Un nouveau festival de film latino sera bientôt lancé à Montréal. Bonne nouvelle pour le public, mais moins bonne nouvelle pour Festivalissimo, qui occupait déjà ce créneau limité. Le premier Festival de cinéma latino-américain de Montréal (FCLM) aura lieu du 2 au 15 avril au Cinéma du Parc.

Gros coup d'entrée de jeu: c'est le film argentin El secreto de sus ojos, gagnant récent de l'Oscar du meilleur film étranger, qui ouvrira ce premier FCLM. Vingt autres longs métrages, dont 14 en compétition officielle, seront présentés pendant le festival, dont le film péruvien Contra Corriente (Prix du public au dernier festival de Sundance) et le film uruguayen Gigante (Ours d'argent à Sundance).

Un volet spécial sera par ailleurs dédié au cinéma argentin - qui célèbre ses 100 ans cette année -, avec entre autres la projection du classique de 1942 Guerra Gaucha, qu'on décrit comme le Autant en emporte le vent du pays de la pampa.

À noter que le menu du FCLM a été concocté par le Hongro-Péruvien Yuri Berger, qui était jusqu'à l'an dernier programmateur du remarquable volet cinéma de Festivalissimo. Sa mission, dit-il, sera exactement la même qu'auparavant: faire découvrir le meilleur cinéma d'auteur latino-américain.

«Ce n'est pas parce que je ne suis plus chez Festivalissimo que je vais changer mon approche, explique M. Berger. Je veux montrer où s'en va ce cinéma, parce qu'il se passe actuellement des choses très intéressantes. C'est une période de transition, une révolution.»

Selon M. Berger, la stabilité économique du continent sud-américain permet depuis quelques années l'émergence d'une nouvelle génération de cinéastes qui redéfinissent le genre, comme Mariano Linas, Claudia Llosa ou Rodriguo Plat. «Il y a toujours eu du talent, mais là il y a plus d'argent. C'est une forme d'art de plus en plus subventionnée. Les gouvernements commencent à voir le cinéma d'un point de vue politique, comme une façon de promouvoir le pays.»

Manque d'éthique

Fait à noter: le FCLM carburera uniquement avec de l'argent privé, son principal commanditaire étant le Cinéma du Parc, qui est d'ailleurs à l'origine du projet. La question est de savoir s'il y a assez de place à Montréal pour deux événements similaires. «Il y a le Festival des films du monde et le Festival du nouveau cinéma. Pourquoi pas le FCLM et Festivalissimo?» lance prudemment M. Berger.

Visiblement, on n'est pas du même avis chez Festivalissimo, qui perd son monopole. La directrice de l'événement, Elisa Pierna, déplore notamment la confusion que cela pourrait provoquer dans le public et chez les distributeurs.

«De mon point de vue, il y a là un manque d'éthique et d'honnêteté, siffle Mme Pierna. M. Berger est notre ancien programmateur. Nous l'avons formé et encadré. Et maintenant, il bénéficie de nos contacts et de la crédibilité de notre festival. Tout le monde a le droit de vivre. Mais je ne crois pas qu'il y ait de la place pour deux événements pareils. Je ne sais pas comment va finir cette histoire. Mais c'est un dossier lourd et délicat.»

Festivalissimo se déroulera cette année du 27 mai au 13 juin. Même si le FCLM a réussi à lui prendre quelques films importants, Mme Pierna jure que le volet cinéma sera aussi bon, sinon meilleur que l'an dernier. Trente films seraient déjà au programme.