Jean-Paul Belmondo a partagé vendredi soir avec les cinéphiles d'Hollywood ses souvenirs de tournage d'À bout de souffle de Jean-Luc Godard, le film emblématique de la Nouvelle Vague, assurant qu'il «ne pensait vraiment pas que le film marcherait».


Invité par le premier festival TCM Classic Film, l'acteur légendaire français, qui vient de fêter ses 77 ans, a été accueilli par une ovation debout dans la salle historique du Chinese Theater, en plein coeur d'Hollywood.


Le pas lent et le verbe hésitant, mais toujours souriant et bronzé, Belmondo a évoqué quelques souvenirs de tournage juste avant la projection, sous le regard de sa compagne Barbara Gandolfi.


«On ne pensait pas que le film marcherait. On s'amusait beaucoup mais on ne pensait vraiment pas que ça allait avoir autant de succès», a-t-il déclaré.


Sorti en 1960, À bout de souffle, manifeste de la Nouvelle Vague du cinéma français, a lancé la carrière de Jean-Paul Belmondo dans le rôle d'un délinquant recherché par la police et amoureux d'une jeune Américaine, interprétée par Jean Seberg.


Avant À bout de souffle, «j'avais d'abord fait de tous petits films, de petits rôles», raconte l'acteur. «Et Godard, un jour, alors que je jouais au football, m'a demandé si je voulais tourner un rôle avec lui. J'ai dit oui».


«Il m'a dit qu'il me ferait d'abord faire un court métrage (Charlotte et son Jules, 1958) et qu'après, on ferait un grand film», dit-il.


Il se souvient que pour la préparation d'À bout de souffle, un 15 août sur les Champs-Elysées, Godard l'a fait «entrer dans une cabine téléphonique. Je lui ai demandé "Qu'est-ce que je dis?". Il m'a répondu: "Ce que tu veux". Alors j'ai dit n'importe quoi».


«Quand je n'ai plus eu d'idées, on est repartis. Godard est revenu le lendemain et il a écrit mon rôle pour À bout de souffle».


L'acteur reconnaît volontiers que le film de Jean-Luc Godard -- avec qui il tournera également Une femme est une femme et Pierrot le fou -- a fait décoller sa carrière. «Après la sortie du film, j'étais demandé par tout le monde. À ce moment-là, je me suis dit: "Ca ne va pas durer, profitons-en"».


L'acteur a également rendu hommage à sa partenaire à l'écran, décédée en 1979 à l'âge de 40 ans. «Jean Seberg était charmante et très amusante. Elle faisait tout ce que le directeur lui demandait».


«Elle venait de tourner un film avec Otto Preminger (Bonjour Tristesse, 1958, l'adaptation du roman de Françoise Sagan) qui n'avait pas marché du tout. Ensemble, on s'amusait beaucoup car on se disait que le film ne sortirait jamais», ajoute-t-il.


Jean-Paul Belmondo qui, après ses débuts avec la Nouvelle Vague est devenu l'une des figures emblématiques du cinéma populaire, a également raconté qu'on lui avait «proposé des films aux États-Unis, mais c'était toujours pour tourner un Italien ou un Polonais ou je ne sais quoi».


«J'ai préféré rester moi-même, en France, à la maison, même si j'adorais le cinéma américain», a-t-il poursuivi.


En janvier dernier, Jean-Paul Belmondo s'était déjà rendu à Los Angeles -- où vit sa petite-fille -- pour recevoir de l'association des critiques de cinéma de la ville (LAFCA) un prix pour l'ensemble de sa carrière.