Environ 1200 manifestants, selon la police, se sont rassemblés vendredi à Cannes pour rendre hommage aux «victimes françaises» de la guerre d'Algérie et des massacres de Sétif, le jour où le film Hors-la-loi, objet d'une polémique, est présenté au Festival de Cannes, a constaté une journaliste de l'AFP.

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Hors-la-loi, une production algéro-franco-belge, en sélection officielle à Cannes sous le pavillon algérien, aborde notamment l'histoire des massacres de Sétif, dans l'est de l'Algérie, en 1945.

Entre 15 000 Algériens, selon des historiens français, et jusqu'à 45 000, selon des historiens algériens, avaient été tués par l'armée française, en répression de manifestations pro-indépendantistes, qui avaient dégénéré et fait plus de cent morts parmi les Européens.

Parmi les manifestants réunis à Cannes figuraient plusieurs élus du parti UMP du président Nicolas Sarkozy, des anciens combattants portant des drapeaux français ainsi que des représentants d'associations de harkis (anciens supplétifs musulmans de l'armée française en Algérie) et de pieds-noirs (rapatriés d'Algérie après l'indépendance en 1962).

Le Front national (extrême droite) était présent avec une discrète banderole.

«Le film de Rachid Bouchareb (...) que je viens de voir est un film partisan, militant, pro-FLN», a jugé le député UMP Lionnel Luca, pour lequel «l'armée française est comparée aux SS et la police française est assimilée à la Gestapo».

Les manifestants ont défilé dans les rues du centre-ville, évitant le Palais des festivals, encadré par un important dispositif policier.

Hors-la-loi sortira en salles le 22 septembre en France. Son titre fait référence aux combattants du Front de libération nationale (FLN) algériens, qui étaient ainsi qualifiés à l'époque par l'armée française, les «événements» d'Algérie ne constituant pas officiellement une guerre.

Présenté vendredi matin à la presse, le film a été applaudi. Il s'agit d'un efficace thriller politique qui suit sur une trentaine d'années trois frères déchirés par la guerre d'Algérie, une lutte d'indépendance dépeinte comme sale mais juste.

De nombreux rapatriés se sont installés après leur départ forcé d'Algérie dans le sud de la France, où ils constituent un important enjeu électoral.