Plusieurs artistes n'ont pas été intégralement payés par la maison d'effets spéciaux montréalaise Fake Studio pour leur travail sur Piranha 3D, un film américain sorti le week-end dernier.

L'artiste américain Manny Wong a travaillé six mois pour Fake Studio, à Montréal, sur les effets spéciaux de Piranha 3D. Les choses allaient bon train jusqu'au moment où le président de Fake Studio, Marc Côté, a annoncé à ses employés qu'il avait du mal à se faire payer par la maison de production américaine. Faute d'être payé, Manny Wong a quitté le projet.

«Ils me doivent un mois de salaire», dit M. Wong. Selon lui, au moins trois autres pigistes embauchés pour travailler sur Piranha 3D par Fake Studio - qui a réalisé 120 plans du film -, attendent depuis quatre mois leur dernière paie. «Je veux seulement être payé pour ce que j'ai fait.»

«On a entrepris un projet qui a très bien commencé et très mal fini», explique Marc Côté, à qui l'on doit les effets de The Young Victoria. Selon lui, les problèmes ont commencé avec l'arrivée d'un nouveau producteur d'effets spéciaux, en Californie. Les paiements se sont fait attendre jusqu'à ce qu'on parvienne à une entente à l'amiable.

«Ils nous ont payé une somme d'argent qui correspond à une partie du travail, qu'eux considèrent comme le paiement total. Une telle situation crée une crise pour une entreprise», explique-t-il, avant d'assurer que tout le monde sera payé.

Fake Studio n'est pas la seule maison montréalaise à avoir travaillé sur Piranha 3D. Newbreed, qui a signé une vingtaine de plans pour cette production hollywoodienne, dit n'avoir eu aucune difficulté à se faire payer.

Pas une première

En faisant état de l'affaire la semaine dernière, le magazine spécialisé Variety a fait le parallèle avec les cas de Météor et de Damn FX, deux sociétés montréalaises qui ont fait faillite ou fermé leurs portes en 2008, alors qu'elles devaient d'importantes sommes à leurs employés (600 000 $ pour Météor, 350 000 $ pour Damn FX).

Montréal est en train d'acquérir une réputation peu enviable auprès des artistes visuels, croit Dave Rand, un ancien de Météor qui milite pour la syndicalisation des artistes visuels. «Si Montréal ne se structure pas mieux, tout le business va aller à Vancouver: c'est plus proche de L.A., et les studios qui sont là-bas ont une excellente réputation», assure-t-il.

Marc Côté ne croit pas que la situation de Fake Studio se rapproche de celle de Météor. «On n'est vraiment pas à la même échelle: on parle ici de 30 000 ou 40 000 $. C'est vraiment faire une grosse histoire avec un petit pet», lance-t-il. «Je ne pense pas que Montréal soit un mauvais endroit pour les effets spéciaux, mais les projets sont disparates et on n'a pas un fort volume. Si on avait un meilleur volume, on aurait une industrie plus forte.»