La comédienne Monia Chokri tiendra le rôle principal d'une musulmane voilée dans le film Boucherie Halal du réalisateur Babek Aliassa, dont le tournage débutera en décembre à Montréal, a appris La Presse.

Interprète de Marie dans le film Les amours imaginaires de Xavier Dolan, la jeune comédienne tiendra le rôle de la femme d'un couple musulman très religieux qui tente de s'intégrer à la communauté montréalaise. Mais le couple devra composer avec le père du mari, un homme très conservateur, qui vient séjourner à Montréal.

Rencontrée à Namur dans le cadre de la promotion du film Les amours imaginaires, en compétition officielle des longs métrages, la comédienne a parlé avec réserve de ce rôle. «Je viens seulement de recevoir la nouvelle version du scénario, dit-elle. Les enjeux du film ont donc changé et je ne peux pas en parler parce que je n'ai pas lu cette nouvelle version.»

Et l'histoire? lui demande-t-on. «C'est celle d'un couple musulman qui s'installe à Montréal et ouvre une boucherie. Après, on verra les confrontations avec les valeurs québécoises», répond la comédienne.

Le rôle du mari a été confié à Mani Soleymanlou, diplômé de l'École nationale de théâtre en 2008. On l'a vu entre autres dans la pièce Les pieds des anges à Espace Go l'an dernier.

Le film sera produit par la société Boréal Films (Comment conquérir l'Amérique en une nuit, Faro, la reine des eaux, Station Nord) dirigée par Daniel Morin.

Ce dernier est emballé par le projet d'Aliassa, un documentariste qui en sera à son premier long métrage de fiction.

«Le scénario du film est audacieux et sort des sentiers battus, dit Morin qui est aussi à Namur. Le film de Babek ne parle pas d'une communauté musulmane repliée sur elle-même. Il jette plutôt un regard sur le monde à partir de cette communauté. Le cinéma a besoin de visions comme celle-là.»

«C'est sûr que le film de Babek évoque le choc culturel entre les communautés québécoise et musulmane de Montréal. Mais c'est dans l'air du temps, ajoute Daniel Morin.

Comme Monia Chokri, ce dernier souligne les efforts déployés par le jeune couple pour s'intégrer à sa terre d'asile. «Ce n'est pas un regard critique, mais plutôt un regard objectif sur ce qui se passe au Québec, dit-il. C'est la vision que porte un néo-Canadien sur sa propre communauté et sur les difficultés d'intégration en fonction des croyances et des coutumes.»

Une partie de la distribution est encore en casting. Et d'autres demandes de financement à la production seront déposées sous peu. «Mais peu importe la réponse, on va de l'avant», dit Morin. Étalé sur quatre semaines en décembre 2010 et janvier 2011, Boucherie Halal sera entièrement tourné à Montréal et en périphérie. Le film sera coproduit par la société ontarienne Rostam.

D'ailleurs, Babek Aliassa est un résidant de Toronto, une singularité qui n'est pas pour déplaire au producteur. «Avoir un réalisateur originaire d'Iran et qui demeure à Toronto où il travaille en français, c'est plutôt rare», souligne-t-il.