Qui, dans son enfance, ne s’est pas demandé si papa et maman étaient ses vrais parents? Dans le cas d’Elizabeth, 11 ans, ce n’est plus un questionnement mais un fait. Adoptée, elle se convainc que sa vraie mère est Dolly Parton et part à la recherche de la célèbre chanteuse country. Une quête aux conséquences insoupçonnées.

Le titre est accrocheur. Mais pourquoi Dolly Parton? Pourquoi pas Susan Sarandon, Cher, Diane Keaton, Sally Field, Liza Minelli ou Suzanne Somers, toutes nées, comme Parton, en 1946?

Parce que ni l’une ni l’autre ne s’est manifestée un jour où la réalisatrice Tara Johns sirotait un café à la maison. Et aucune ne représente «un paradoxe aussi parfait entre féminité poussée à l’extrême et féminisme assumé», dit la réalisatrice.

Enfant, Tara Johns est une fille de Calgary dont la mère, née en Saskatchewan, a eu une certaine Roberta Joan Anderson (Joni Mitchell) comme camarade de classe. «Vers 11, 12 ans, ma mère m’a confié que Joni avait donné naissance à une fille la même année que moi et qu’elle l’avait laissée en adoption. Cela s’est mis dans l’engrenage de mon imaginaire. Je me suis dit que c’était peut-être moi.»

Plus récemment, Tara cherchait un sujet de film. Elle avait une vague image de road trip mère-fille devant mener à la rencontre entre la fille et... sa mère biologique.

Tout en songeant à cette histoire, Johns écoutait une entrevue de Dolly Parton à la radio. «Pour la première fois de ma vie, je l’ai écoutée sans être distraite par son image, dit-elle. J’ai été étonnée de sa force, de son authenticité. Elle avait été une féministe avant son temps. Je me suis dit que j’aurais aimé ça, à 11, 12 ans, découvrir que Dolly Parton était un modèle de féminisme.»

Impression partagée par Macha Grenon qui, après avoir lu la biographie de la chanteuse, l’a découverte sous un autre jour. «La muse est parfaite car le scénario est à son image, dit-elle. Du film, on attend d’abord quelque chose de pétillant et léger, alors qu’il y a une densité réelle.»

Le ton était donné.

Quête identitaire
Dans The Year Dolly Parton Was My Mom, Elizabeth (Julia Stone) est une fille de 11 ans vivant en 1976 dans les Prairies et qui apprend que ses parents Phil et Marion (Gil Bellows et Macha Grenon) l’ont adoptée. Ce choc s’additionne à son passage ardu de l’enfance à l’adolescence. Convaincue que Dolly Parton est sa mère, Elizabeth part à sa recherche, entraînant dans son sillage une Marion forcée de sortir des ornières de mère au foyer figée qu’elle avait tracées.

«Ce ne sont pas toutes les femmes qui ont réagi de la même façon lorsqu’on leur a enlevé leur tablier et leurs bigoudis et qu’on les a sorties de leur rôle traditionnel, fait Macha Grenon. Certaines femmes ont vécu ça comme des amazones, mais d’autres avec un grand sentiment de vulnérabilité et de déséquilibre.»

Elle poursuit: «Dans le couple du film, Phil incarne le désir de modernité, d’avancement social, alors que Marion se trouve dans le contrôle des rôles que tout le monde doit jouer dans la petite famille. Mais tout cela va basculer et s’effondrer.»

On le comprend, la quête identitaire de l’enfant éveillera celle de sa propre mère.

Et qu’en est-il de l’adoptée? «Dans mon esprit, Elizabeth est une vraie personne, analyse Julia Stone. Nous avons beaucoup de choses en commun, une perception identique sur plusieurs choses. Elizabeth a beaucoup de détermination. Bien sûr, si j’avais été adoptée, j’aurais cherché à savoir qui est ma mère. Mais je crois que l’important n’est pas d’où l’on vient mais qui on est à l’intérieur de soi.»

Film de clôture des Rendez-vous du cinéma québécois, The Year Dolly Parton Was My Mom sort en salle le 4 mars.