Si le Symposium des réalisateurs des films étrangers qui se tient depuis 33 ans la veille des Oscars, était une épreuve déterminante dans la course, alors Denis Villeneuve serait le grand gagnant.

Invité hier matin à prendre place sur la scène du Samuel Goldwyn Theater  avec les quatre autres concurrents de sa catégorie, soit Alejandro Inarritu pour Biutiful, Yorgos Lanthimos pour Dogtooth Susanne Bier pour In a better world et Rachid Bouchared pour Hors la loi, Denis Villeneuve a charmé et fait rire une salle comble, peuplée de cinéphiles et de nombreux membres du comité des films étrangers.

À la question, qu’est-ce qui vous a poussé à faire Incendies il a répondu avec humour : « En principe je n’aurais jamais dû réaliser un film qui parle de deux choses que je ne connais pas :  la guerre et le Moyen-Orient. Moi je viens du Québec et tout ce que je connais vraiment c’est l’hiver. »

La salle a éclaté de rire devant tant de candeur. Plus tard, lorsque le modérateur, Marc Johnson, producteur, entre autres du film Rain Man, l’a interrogé sur le financement d’Incendies, Villeneuve a commencé par répondre qu’il n’était pas très bon avec les chiffres. « J’ai encore de la misère à comprendre comment marchent les parcomètres alors imaginez le reste! » Puis redevenant sérieux, il a tenu à rendre hommage à ses deux principaux producteurs, Luc Déry et Kim McCraw. « Ce sont des gens extraordinaires qui ne roulent pas en Lamborghini mais à bicyclette. Tout l’argent que nous avions pour ce film, soit 6.7 millions, vous le voyez à l’écran. »

Les réalisateurs des films étrangers viennent toujours au Symposium accompagnés de leurs acteurs et de quelques membres de leur équipe. Manque de chance, Javier Bardem, la vedette de Biutiful, avait aux dires de son réalisateur, bu trop de tequila la veille. Il brillait par son absence. En revanche, une grande partie de l’équipe d’Incendies était présente dans la salle, dont le directeur photo André Turpin, la directrice artistique André-Line Beauparlant, les producteurs Luc Déry et Kim McCraw ainsi que les deux actrices principales Melissa Désormeaux-Poulin et Lubna Azabal.

La directrice de Téléfilm Canada était également de la partie de même que le producteur Roger Frappier qui est membre du comité des films étrangers et la mécène Phoebe Greenberg qui a produit le court-métrage de Villeneuve Next Floor et a également participé au financement d’Incendies.

À l’issue de la rencontre de deux heures, Denis Villeneuve s’est retrouvé sur le trottoir du boulevard Wilshire, entouré d’admirateurs qui sont venus lui répéter comment ils avaient été touchés par un film, qui ne sortira officiellement aux États-Unis que le 15 avril.

« Ce à quoi je ne m’attendais pas, ce qui me touche le plus c’est l’accueil des gens d’ici. Je sens leur respect, mais surtout leur affection. À cet égard, c’est beaucoup plus chaleureux comme atmosphère que Cannes, m’a-t-il confié. La veille, Villeneuve et toute sa bande ont assisté à une soirée en leur honneur organisée par le comité des films étrangers.

Chaque film était présenté par un membre éminent de l’Académie. Dans le cas d’Incendies, c’est le directeur photo de Martin Scorsese qui avait préparé un discours à ce point émouvant que Villeneuve en a eu presque les larmes aux yeux. Bref malgré le temps frileux et les gros nuages qui menacent le ciel bleu, tout se passe plutôt bien pour Denis Villeneuve. Ne lui reste plus qu’à gagner l’Oscar.