Incendies de Denis Villeneuve a remporté, sans grande surprise, les grands honneurs de la 31e Soirée des prix Génie, hier soir à Ottawa, raflant huit prix, dont ceux du meilleur film, de la meilleure réalisation, de la meilleure adaptation et de l'interprétation féminine (Lubna Azabal).

Le film-événement québécois de 2010 a coiffé au poteau son principal rival, Barney’s Version, sélectionné dans 11 catégories (une de plus qu'Incendies). Le film de Richard Lewis, d'après le dernier roman de Mordecai Richler, a de son côté récolté sept prix Génie, dont ceux, assez prévisibles, de l'interprétation masculine (Paul Giamatti), du meilleur acteur dans un rôle de soutien (Dustin Hoffman) et de la meilleure actrice dans un rôle de soutien (Minnie Driver). Aucun de ces acteurs américains n'était présent hier pour recevoir son prix.

Incendies, adapté d'une pièce de Wajdi Mouawad, a également été primé pour la magnifique direction photo d'André Turpin, le montage de Monique Dartonne, le son d'ensemble (Jean Umansky, Jocelyn Caron, Jean-Pierre Laforce, Benoit Leduc) et le montage sonore (Sylvain Bellemare, Simon Meilleur, Claire Pochon).

«Ça me va droit au coeur», a déclaré Denis Villeneuve en recevant le prix de la meilleure réalisation, après avoir remercié son équipe ainsi que ses «amis» en Irak, au Liban et en Jordanie, où Incendies a en partie été tourné.

Villeneuve a ainsi été sacré grand vainqueur des prix Génie pour la deuxième année d'affilée. Son précédent film, Polytechnique, avait remporté neuf prix Génie, parmi les plus prestigieux, l'an dernier. Candidat à l'Oscar du meilleur film étranger, succès à la fois critique et populaire - ses recettes s'élèvent à plus de 3 millions de dollars -, Incendies était selon la plupart des observateurs l'oeuvre la plus forte de la compétition.

Barney's Version, tourné en partie à Montréal, a pour sa part également remporté des prix pour sa direction artistique (Claude Paré, Elise De Blois), ses costumes (Nicoletta Massone), ses maquillages (Réjean Goderre, Valli O'Reilly, Micheline Trépanier et Adrien Morot, en nomination dans la même catégorie aux Oscars) et sa musique originale (Pasquale Catalano).

Surprise pour The Trotsky

La plus belle surprise de la soirée fut sans doute le prix du meilleur scénario remis au Montréalais Jacob Tierney pour The Trotsky, sur les péripéties d'un élève qui s'imagine être la réincarnation de Léon Trotsky et fomente une rébellion gauchiste dans une école secondaire de Montréal-Ouest. The Trotsky, charmante comédie adolescente, a aussi remporté le prix de la meilleure chanson originale pour Already Gone de Mary Milne.

Le prix du meilleur documentaire a par ailleurs récompensé Last Train Home de Lixin Fan, Mila Aung-Thwin et Daniel Cross, alors que les prix Génie du meilleur court métrage et du meilleur court métrage d'animation ont été respectivement décernés à Savage de Lisa Jackson, Lauren Grant et Lori Lozinski, et Les journaux de Lipsett de Theodore Ushev et Marc Bertrand.

Les deux premiers films de Podz, Les sept jours du talion et 10 1/2, qui avaient obtenu ensemble 14 citations, n'ont récolté aucun prix. Le cinéma québécois a encore une fois été très bien représenté au gala annuel du cinéma canadien. Au total, 70 Québécois étaient en lice pour les différentes récompenses.

Le prix Claude-Jutra du meilleur premier long métrage a entre autres été décerné à Jephté Bastien pour Sortie 67, une fiction sur les gangs de rue dans le quartier Saint-Michel, et le prix de la Bobine d'or a été remis au champion des recettes au guichet en 2010, la superproduction Resident Evil: Afterlife, qui a accumulé un box-office de plus 7 millions de dollars au pays.

Diffusée en direct du Centre national des arts d'Ottawa, sur les ondes de CBC - pour la première fois depuis plusieurs années et de manière particulièrement expéditive (1 h) -, la Soirée des prix Génie, sans éclat, a été animée par l'acteur d'origine montréalaise William Shatner, peu présent et en mode autodérision, avec des performances musicales entre autres de Melissa Etheridge, en ouverture, et du groupe québécois Karkwa, qui a interprété Dance Me to the End of Love de Leonard Cohen.