Il fut une époque – lorsque les salles de cinéma existaient encore au Complexe Desjardins – où le FFM proposait une flopée de (très bons) films chinois dont les histoires étaient campées dans une ruralité pratiquement moyenâgeuse.

En comparaison, Wan You Yin Li, un des deux films en compétition officielle présentés hier matin, offrait un violent contraste.

Segmenté en quatre contes, ce long métrage du réalisateur Zhao Tianyu plonge le spectateur dans une Chine ultramoderne, branchée, sûre d’elle et imbibée de culture occidentale. De la Chine traditionnelle, il ne reste pratiquement plus que les sinogrammes.

Ce constat étant fait, le film de Tianyu a beaucoup de gueule. Balancées avec les accords de l’enivrante chanson Creep de Radiohead, les premières images, prises dans un aéroport de verre et d’acier, annoncent une photographie hyper léchée. La mise en scène est dynamique, endiablée, ensorcelante.

Les quatre histoires ? Elles tournent autour de l’universel sujet de l’amour, dont elles explorent les différentes étapes : la naissance de l’amour dans Detector, le désir de l’enfant dans Thermometer, l’adultère dans Spotlight, le pari de la seconde chance dans Parachute.
Avec douceur et grand art, Tianyu nous fait passer d’une histoire à l’autre. Outre l’amour, on remarque que la maîtrise du temps, qui personnifie ici un peu l’ennemi, est évoquée dans chaque chapitre.

Même si le réalisateur, appuyé par de bons comédiens, livre des interprétations honnêtes de chacun des sentiments, le contenu des histoires donne l’impression d’être subordonné aux images. Sans compter que le rythme s’essouffle dans le dernier tiers du film. Les toutes dernières prises de vue, vertigineuses, se gravent cependant dans la mémoire.
Moins séduisant est le film iranien de Bahram Tavakoli, Inja Bedoone Man, présenté aussi hier. Basé sur la pièce La ménagerie de verre de Tennessee Williams, le film respecte les grandes lignes de la pièce. Il y a Farideh, mère célibataire protectrice et envahissante, Yalda, fille boiteuse et effacée qui ne vit que pour ses bibelots vitreux, son frère Ehsan, poète et cinéphile qui s’emmerde dans son travail d’employé d’entrepôt. Et Reza, collègue et ami de Ehsan, sur lequel Farideh fonde les plus grands espoirs pour Yalda.

Très prononcée, la théâtralité de la mise en scène du film lui donne un côté statique dont on se lasse. Les nombreux dialogues dans les pièces de la maison de Farideh sont verbeux et linéaires.

Pour les beaux plans (et quels plans !), il faut attendre d’autres scènes, comme lorsque Farideh épluche des oignons à l’usine ou qu’elle se déplace dans un magasin de tissus. Quant au jeu des comédiens, il se limite à un registre plutôt mince et sans grandes émotions.

Mais le public du FFM, disons-le, a ri de bon cœur à plusieurs répliques. Et il a été d’une très grande tolérance alors que d’incessants problèmes de son ont ponctué le film.

Wan You Yin Li
Aujourd’hui 16 h 30 
au Cinéma Impérial

Inja Bedoone Man
Aujourd’hui 14 h 
au Cinéma Impérial