«Dans toute ma carrière, c'est le film d'aventures que j'ai eu le plus de plaisir à réaliser!», a déclaré Steven Spielberg sur le tapis rouge du Grand Rex à Paris. Le plus célèbre cinéaste hollywoodien s'est permis samedi un événement unique dans la vie d'un créateur: deux grandes premières le même jour, dans deux villes différentes!

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Pour rendre hommage à la ville natale de Tintin et de son créateur Hergé, une avant-première mondiale a d'abord été organisée à Bruxelles, capitale du neuvième art. Puis, l'équipe du film, parmi laquelle l'interprète de Tintin, Jamie Bell, est montée dans un TGV Thalys dessiné aux couleurs du Secret de la Licorne pour gagner la Ville lumière en fin d'après-midi. L'avant-première parisienne a eu lieu le même soir.

Après bientôt trois décennies d'attente, l'arrivée de l'intrépide reporter à la houppe rousse au grand écran - et en 3D - suscite beaucoup d'attentes. Sous l'égide des gardiens de la mémoire de Hergé, Steven Spielberg et Peter Jackson ont tenu à traduire le plus fidèlement possible l'esprit du célèbre auteur dans leur film. Le pari a été tenu.

Le récit, puisé dans trois albums (Le crabe aux pinces d'or, Le secret de la Licorne et Le trésor de Rackham le rouge), a évidemment été remanié pour les besoins de la cause, mais la rencontre entre Steven Spielberg et l'univers d'Hergé relève quand même ici de l'évidence. La technique de la «capture de mouvements», qui consiste à transformer en images de synthèse les mouvements d'acteurs en chair et en os, confère au long métrage un aspect «bande dessinée» avec lequel le réalisateur peut se permettre toutes les audaces.

Les tintinologues regretteront l'éviction du vénéré Tryphon Tournesol du film, mais ils salueront en revanche l'astuce dont ont fait preuve les trois scénaristes britanniques (Steven Moffat, Edgar Wright et Joe Cornish) pour lier les différentes parties de l'histoire.

Ils souriront aussi quand ils verront l'un des plus célèbres personnages de la galerie faire son entrée de façon complètement inattendue. Il y a du rythme, de l'action, et le tout distille une saveur délicieusement rétro. On sait maintenant de qui retient Indiana Jones.

«La 3D n'est qu'un outil, précisait hier Steven Spielberg au cours d'une conférence de presse. Ce n'est pas une fin en soi. D'ailleurs, le défi dans ce projet résidait davantage du côté de l'animation que des effets en relief. J'ai volontairement emprunté une approche plus subtile à cet égard afin que le spectateur oublie que le film est en 3D. Une technologie doit être au service d'une histoire, pas le contraire.»

Une franchise est née?

Le réalisateur ne s'inquiète pas outre mesure d'arriver en terrain vierge avec son film aux États-Unis, où Tintin reste un pur inconnu.

«Il y a beaucoup de films produits à Hollywood pour lesquels le public américain n'a aucune référence, rappelle-t-il. Avatar était de ceux-là. Les Américains découvriront avec Tintin un univers qui leur est inédit, et je suis certain qu'ils y prendront plaisir. C'est aussi la raison pour laquelle nous lançons le film en Europe deux mois avant. Peut-être auront-ils l'occasion d'en entendre parler!»

On a déjà des plans pour porter d'autres épisodes à l'écran. Si le public est au rendez-vous, Peter Jackson, qui agit à titre de producteur sur La Licorne, réalisera cette fois un film tiré des albums Les 7 boules de cristal et Le temple du soleil.

«Nous sommes fin prêts, annonce Steven Spielberg avec enthousiasme. Nous souhaitons ardemment pouvoir mettre un autre film en chantier. Et je vous promets que le professeur Tournesol y sera!»

Les frais de voyage ont été payés par Paramount Pictures.