Avec ses 15 copies - dont trois à Paris -, le film Curling de Denis Côté ne risquait pas de faire de l’ombre au Tintin de Steven Spielberg, sorti en France lui aussi mercredi mais sur 800 écrans. La presse française a toutefois eu pour ce film radical et exigeant un véritable coup de foudre, voyant chez Côté un des «cinéastes les plus excitants du moment».

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Denis Côté est un habitué des festivals, mais Curling, qui explore la relation d’un père solitaire (Emmanuel Bilodeau) et de sa fille (Philomène Bilodeau), est le premier de ses cinq longs métrages à sortir en salles en France. Le film s’adresse à un public de cinéphiles avertis. La critique ne s’y est pas trompée, qui lui a adressé un concert de louanges sans la moindre fausse note.

Le journal Libération, auquel on ne prête pas de préjugé favorable au cinéma québécois, a salué sans réserve ce film «saisissant», que «le travail hallucinant de Josée Deshaies (NDLR: chef opérateur de l’Apollonide, de Bertrand Bonello) finit d’élever au rang des bijoux vus cette année».

«On ne voit pas un tel travail cinématographique tous les jours», a renchéri Le Monde, évoquant une «une variation brillante, originale et inattendue de Psychose’.

Deux des plus influents magazines culturels français, Les Inrockuptibles et Télérama, ont de la même manière encensé Curling. Le premier a parlé d’une «expérience fascinante», pendant que le second évoquait un «film sombre curieusement aveuglant, comme la neige omniprésente», et oscillant entre «réalisme âpre et onirisme morbide».

«Curling échappe à toute morale comme à toute classification: faux thriller à la lisière du fantastique, film intimiste avec des passages documentaires... Il faut accepter de s’y perdre et se laisser surprendre par les détours d’un récit atypique», a souligné l’hebdomadaire.

Le ton de la critique est partout le même: «Denis Côté nous installe dans une étrange rêverie et un singulier plaisir de cinéma. On en redemande», a lancé le quotidien La Croix. C’est un «film de sensations, qui marquent profondément durant la projection, perdurent ensuite», a ajouté le site Slate.fr.

«Ce cinéma de l’intimisme prend le temps de construire ses portraits. Un film tout en nuances, singulier, pour spectateur attentif», a résumé L’Humanité.


Chez Capricci, le distributeur français de Curling, on est évidemment «très content» de l’accueil critique réservé au film. Lors de la première séance du début de l’après-midi, le long métrage a fait, apprend-on, 21 entrées dans les trois salles parisiennes où il a pris l’affiche. C’est un score plutôt encourageant mais pas très représentatif d’une «tendance».

Les prochains jours, la fréquentation du week-end, la mise en place d’un éventuel bouche-à-oreille décideront de la carrière du film, destiné de toute manière à circuler et à vivre sa vie à son propre rythme.