Fait plutôt rare dans les festivals de cinéma, des lunettes 3D ont été remises à l'entrée. Il est vrai que, depuis quelques années, Wim Wenders ne jure plus que par ce format. Il l'a notamment utilisé pour son remarquable documentaire Pina, de même que dans Every Thing Will Be Fine.

Les beaux jours d'Aranjuez marquent les retrouvailles de l'auteur Peter Handke et du cinéaste, près de 30 ans après le sublime Les ailes du désir. Le réalisateur de Paris, Texas porte cette fois à l'écran une pièce que l'auteur autrichien a écrite en français il y a quatre ans.

Mettant en vedette Sophie Semin et Reda Kateb, ce film est constitué d'un long dialogue entre une femme et un homme, que semble noter un auteur en mal d'inspiration, un peu comme s'il approchait son oreille un peu plus pour entendre la conversation. L'endroit est idyllique; la journée, outrageusement ensoleillée. Aussi, le cinéaste n'hésite pas à utiliser la 3D pour magnifier le paysage.

Préciosité et ennui

Cela dit, cette conversation à deux personnages, qui porte sur la vision de l'amour qu'ont les femmes et les hommes, distille vite la préciosité et l'ennui. Le texte, très foisonnant, est souvent livré comme une lecture, sur un ton monocorde qui rappelle celui qu'a souvent utilisé Éric Rohmer dans ses films. Seules quelques chansons, diffusées sur un vieux juke-box Wurlitzer (parmi lesquelles Perfect Day, interprétée par David Bowie), viennent ponctuer le récit.

Cette approche ne relève d'ailleurs pas d'une coïncidence puisque le cinéaste, lors d'une conférence de presse, n'a pas caché son intention de rendre hommage au réalisateur de Ma nuit chez Maud. C'est un peu comme si Wim Wenders nous proposait son propre Conte d'été.

«C'est le premier film que je tourne en langue française, fait-il remarquer. J'aime les questions que pose Peter dans son texte parce qu'on se les pose depuis le début de l'humanité. Et on ne trouvera jamais de réponses à ces questions éternelles. Et puis, j'ai redécouvert la beauté de la langue française à travers le jeu des acteurs. Cette langue évoque une légèreté de l'être qu'on ne retrouve pas ailleurs. À part, peut-être, en Italie!»

Photo fournie par Alfama Films

Reda Kateb et Sophie Semin dans Les beaux Jours d'Aranjuez de Wim Wenders