Avec la guerre, les atrocités et le désespoir des réfugiés qui dominent les nouvelles chaque jour, il est facile de se sentir déprimé devant la nature humaine.

Le cinéaste français Yann Arthus-Bertrand espère restaurer la foi des cinéphiles - ou du moins, réveiller leur compassion - avec Human, un documentaire compilant les histoires extraordinaires de gens ordinaires d'un peu partout à travers le monde.

Arthus-Bertrand, le photographe derrière le populaire livre de photographies aériennes La Terre vue du ciel, a interviewé des centaines de personnes de plus de 60 pays, incluant des survivants du génocide rwandais, des anciens combattants américains, des réfugiés syriens, des fermiers afghans et le président de l'Uruguay. Des victimes et des tueurs racontent des histoires de meurtre et de vengeance, tandis que d'autres personnes parlent d'amour, de pardon et de fierté.

Les sujets sont présentés en gros plan, sans contexte - nous ne connaissons même pas leur nom. L'objectif est d'obliger le spectateur à regarder ces étrangers dans les yeux et à écouter ce qu'ils ont à dire.

En entrevue au Festival du film de Venise, où Human sera présenté au public samedi, le cinéaste a dit croire que «la seule façon de faire réfléchir les gens est par le biais des émotions. Pas avec le cerveau, avec le coeur.»

Le documentaire, approuvé par le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon - sera projeté à l'ONU, à New York, la même journée.

Les entrevues sont entrecoupées d'images aériennes de villes et de déserts, d'océans, de forêts et de foules, ce qui permet au spectateur de prendre une pause et de digérer ce qu'il vient d'entendre.

Arthus-Bertrand a tourné plus de 2500 heures pendant deux ans, rencontrant plus de 2000 personnes. Il affirme que les entrevues ont permis de solidifier son opinion voulant que «tout le monde ait quelque chose à dire. Tout le monde.»

La première version du film durait 12 heures. À regret, le réalisateur l'a resserré pour qu'il dure un peu plus de trois heures.

«Il y a tellement d'histoires fortes que nous avons dû couper, a-t-il regretté. (Mais) les gens doivent aller à la toilette, les gens doivent aller manger.»

Human a été un projet passionnant pour le cinéaste de 69 ans, qui dit avoir découvert qu'avec l'âge, «vous aimez aller à l'essentiel, à ce qui est important».

Le film veut pousser les spectateurs à réfléchir à certaines questions fondamentales. Pourquoi la guerre et la haine existent-elles? Pourquoi certains ont trop d'avoirs et d'autres trop peu? Pourquoi l'humain détruit-il la Terre?

«Je sais que cela ne changera pas avec un film, a admis Arthus-Bertrand. Mais je fais mon travail.»