À compter de midi aujourd'hui, la section FNC Explore du Festival du nouveau cinéma s'installe sur la Grande-Place du Complexe Desjardins avec une trentaine d'oeuvres de réalité virtuelle toutes plus étonnantes les unes que les autres. Si vous passez par là, faites-y un arrêt!

Au Musée de la symétrie, casque de réalité virtuelle vissé sur la tête, on s'envole dans une nacelle vers un monde imaginaire, coloré et fantastique. Dans chaque main, on tient une manette. Tout à coup, l'une d'elles se met à vibrer délicatement. Nous voilà avec un arrosoir au bout de la main! Vite, arrosons ces jolies pousses qui deviennent instantanément de grosses fleurs bleues. Quelques minutes plus tard, la manette devient raquette et celui qui se prête au jeu frappe de gros diamants qui vont valser vers le lointain horizon.

Le parcours s'achève. La nacelle a disparu et on se retrouve soudainement debout sur une majestueuse raie manta qui se dirige vers le fond des mers. Un sentiment de plénitude nous habite.

Le générique de Musée de la symétrie, une production de l'ONF, apparaît. Le voyage, d'une vingtaine de minutes, est terminé. C'est le retour à la réalité.

À seulement 28 ans, la bédéiste et animatrice Paloma Dawkins a créé une première oeuvre de réalité virtuelle enivrante que l'on peut découvrir à FNC Explore.

«Je pense que mon film donne un sentiment d'équilibre. Tout a été fait en fonction de ce but.»

«Ce qui m'a beaucoup inspirée, ce sont les formes qu'on trouve dans la nature, dit-elle. Les courbes dans le sable, l'ondulation de l'eau, les veinures dans les feuilles. J'ai l'impression que tout cela nous réconforte et équilibre nos vies.»

Ludique, le film de Mme Dawkins peut aussi être vu comme une forme de manifeste, de plaidoyer environnemental. D'ailleurs, plusieurs de la trentaine d'oeuvres présentées à FNC Explore possèdent ce côté revendicateur. Elles bousculent, font des rappels historiques, cherchent à provoquer. En enfilant les casques qui nous propulsent dans un autre monde, on les vit autant qu'on les voit.

Un exemple? Battlescar de Nico Casavecchia et de Martin Allais nous plonge dans le monde - en 3D - fiévreux de Lupe, une adolescente portoricaine qui explore son identité sur la scène punk de la fin des années 70, à New York. C'est féministe, revendicateur, très musical. On écoute ce film debout, notamment pour sentir le passage d'une rame de métro à deux centimètres de son nez, sur le quai de la station de la 49e Rue. La voix du personnage de Lupe est assurée par la comédienne Rosario Dawson. Signe que la réalité virtuelle commence à attirer les stars.

Photo fournie par le FNC

Battlescar, de Nico Casavecchia et de Martin Allais

De Benjamin Nuel, le film L'île des morts, présenté à la Biennale de Venise, est une oeuvre baroque à mille lieues de l'énergie électrique de Battlescar. L'oeuvre est inspirée de la série des cinq tableaux homonymes d'Arnold Böcklin peints en 1886. Par la réalité virtuelle, le spectateur se rend soudainement compte qu'il est dans la petite embarcation conduite par un homme cagoulé vers l'île et qu'il est lui-même le personnage - le mort? - debout et enveloppé d'un linceul blanc au milieu de la chaloupe. L'effet est saisissant!

Les projets proviennent de tous les horizons: Québec, Canada, Royaume-Uni, Corée du Sud, Israël, France, États-Unis, etc. Interactifs et immersifs, tous ces films peuvent être vus gratuitement sur la Grande-Place du Complexe Desjardins. Les visiteurs pourront se promener d'une station à une autre pour les découvrir. Des conférences et ateliers se greffent à cette présentation.

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FNC Explore, sur la Grande-Place du Complexe Desjardins, du 5 au 14 octobre, de midi à 20 h.

Photo fournie par le FNC

L'île des morts, de Benjamin Nuel