Le cinéaste canadien Chris Landreth s'est fait un nom dans le domaine de l'animation grâce à son film Ryan. Consacrée à la vie tourmentée du réalisateur montréalais Ryan Larkin, l'oeuvre a remporté en 2005 l'Oscar du meilleur court métrage d'animation.

Plus tôt cette année, M. Landreth a lancé son nouveau film, Jeu de l'inconscient, un court d'animation tordant et mettant en vedette Charles, personnage qui rencontre un vieil ami (John) mais est incapable de se souvenir de son prénom.

Charles plonge donc dans les méandres de son inconscient pour se remémorer le prénom de son ami. Or, cet inconscient prend la forme d'une interprétation délirante du jeu télévisé Password dans lequel défilent des personnalités qui, plongées dans leur propre délire, essaient tant bien que mal d'aider Charles à retrouver la mémoire.

En juin dernier, Jeu de l'inconscient a remporté le prix du meilleur court métrage au prestigieux Festival du film d'animation d'Annecy, en France.

Joint par téléphone à Toronto, M. Landreth nous parle de son nouveau film et de l'usage du 3D dans sa réalisation.

Q : Qu'avez-vous voulu explorer à travers cette histoire?

R : Je vois Jeu de l'inconscient comme un film d'observation, en ce sens que personne ne sait réellement comment fonctionne l'inconscient. C'est quelque chose qui est encore hors de notre portée. Il m'arrive, comme à tout le monde, d'oublier le prénom d'une personne que je rencontre. Dans ce genre de situation, de deux choses l'une: ou votre interlocuteur s'en rend compte et vous rappelle son prénom, ou vous posez toutes sortes de questions génériques dans l'espoir que des indices vont vous mener à la réponse. Ce processus est fascinant et le fait que le cerveau se mette ainsi à chercher est un petit miracle. C'est pourquoi j'ai représenté cette seconde option par le jeu américain Password avec lequel j'ai grandi.



Q : En quoi le 3D vous a-t-il servi?

R : C'est la première fois que je fais un film en 3D et ça m'a apporté beaucoup de choses. En fait, le 3D fait cheminer l'histoire vers le spectateur qui se retrouve immergé dans celle-ci. À mon avis, les gens qui regardent le film se retrouvent dans l'inconscient de Charles. Au début du film, tout se déroule en 2D. Mais plus le film avance, plus le 3D prend de la place. À mon avis, c'était la bonne façon d'illustrer que Charles se débat de plus en plus pour retrouver la mémoire.

Q : De façon générale, en quoi le 3D fera du cinéma une expérience différente?

R : Le 3D est en train de trouver son équilibre. Il y a quelques années, lorsqu'il a été introduit à nouveau dans les salles de cinéma, il y a eu une explosion de la popularité des films en 3D. Puis c'est tombé. Pourquoi? Parce qu'il fallait trouver un nouvel usage au 3D. Ça ne peut pas être uniquement un truc spectaculaire. Il faut que le 3D appuie une histoire et nous amène ailleurs. C'est le cas du film Gravity [en salle actuellement]. Le 3D doit être plus qu'une simple opération de séduction.

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Jeu de l'inconscient est présenté dans le cadre du programme Fantasmagories 3D du FNC.

Photo: fournie par l'ONF

Le court métrage Jeu de l'inconscient raconte l'histoire de Charles qui rencontre un vieil ami, mais est incapable de se souvenir de son prénom.