En mai dernier, Marie-Ève Juste a vu son court métrage Avec Jeff, à moto être sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs, événement parallèle au Festival de Cannes. Son oeuvre faisait partie des 10 courts métrages sélectionnés parmi 4000 soumissions!

Depuis, Avec Jeff, à moto, chronique d'un rendez-vous qui tourne en eau de boudin, connaît une carrière internationale et est présenté cette semaine au FNC. Nous avons rencontré Mme Juste il y a 10 jours au Festival international du film francophone de Namur, en Belgique.

Quelle a été la vie de votre film depuis Cannes?

Je suis surprise de voir à quel point les choses vont bien pour la diffusion et la distribution du film depuis ce passage. À ce jour, il a été présenté au Brésil, à Toronto, à Namur et maintenant au FNC. Je vais de surprise en surprise. À chaque nouveau festival, je suis toujours aussi ravie. Ce n'est pas un film qui fait rire ou qui fera plaisir aux foules. Mais il touche beaucoup les programmateurs.

La réception des spectateurs correspond-elle à la vision que vous aviez?

L'idée était de traiter de la question des rêves de jeunesse et de la façon dont ils peuvent être balisés par le milieu d'où l'on vient et les gens que l'on rencontre. En général, il est assez bien «lu», quoiqu'il y ait parfois une lecture différente selon que le spectateur est un homme ou une femme. Plusieurs de mes amis masculins, par exemple, ont compris la finale différemment. Pour les filles, ce qui arrivait à mon héroïne était super clair, alors que des gars n'ont pas compris ce qu'elle faisait.

Qu'est-ce qui a nourri votre propos?

J'avais lu un article d'une jeune écrivaine française vivant dans une cité. Elle disait vouloir être écrivaine depuis son enfance. Un orienteur lui avait dit qu'au contraire, les filles de son quartier devenaient coiffeuses, esthéticiennes, infirmières auxiliaires, etc. Comme si, dès l'âge de 15 ou 16 ans, le terrain de jeu était délimité.

Vous êtes aussi médecin. Quelles sont les similitudes entre médecine et cinéma?

Je crois qu'il faut être à l'écoute dans les deux domaines. Comme réalisatrice, il faut être à l'écoute de ce qui se passe, des gens qu'on rencontre et avec qui on travaille. En médecine, il faut être à l'écoute des patients. Il y a aussi le côté stressant! Être sur un plateau de tournage, c'est comme travailler aux urgences. Les choses vont vite, on enchaîne les gestes les uns après les autres et on ne peut pas se tromper. Comme énergie, ça se ressemble.

Programme des courts métrages Attraction, samedi 13 octobre, 18 h; samedi 20 octobre, 17 h 45, salle Fellini du cinéma Excentris.