Après un été cinématographique décevant où les suites n'ont pas obtenu le succès des films originaux et où des valeurs que l'on croyait sûres n'ont pas livré la marchandise, le Festival international du film de Toronto (TIFF) offre une bouffée de fraîcheur avec des histoires originales portées par de grands noms sans toutefois entrer dans la catégorie «grand public».

De l'étrange regard porté par George Clooney sur un braquage à domicile dans Suburbicon à l'énigmatique thriller psychologique de Darren Aronofsky, Mother!, en passant par le satirique Downsizing d'Alexander Payne, la programmation du festival, qui se mettra en branle jeudi, inclut des oeuvres audacieuses de cinéastes de renom, à une époque où l'instinct premier est de ne pas prendre de risque, soulignent les organisateurs.Selon le directeur artistique du TIFF, Cameron Bailey, il est faux de prétendre que le cinéma indépendant est mort et qu'il n'y a de la place que pour les franchises ou les films de superhéros. Certains des meilleurs cinéastes d'aujourd'hui ont encore l'occasion de raconter des histoires audacieuses, d'aller loin dans leurs idées, en bénéficiant en plus de gros budgets, souligne-t-il.

Environ 340 films seront présentés au festival, qui se tiendra du 7 au 17 septembre. Ce nombre est moins élevé que dans les dernières années, en vertu du mandat que s'était donné le TIFF de couper d'environ 20 pour cent le nombre de titres offerts.

Les organisateurs ont fait ces changements en réponse aux suggestions du public, de l'industrie et des médias.

Dans l'ensemble, la programmation reflète une certaine incertitude et une instabilité dans le monde, avec des films traitant des notions de chaos et de survie.

«C'est une période étrange, avouons-le, pour tout le monde, je crois, affirme le directeur du TIFF, Piers Handling. Tout le monde ressent un sentiment de perturbation, c'est très incertain, on se demande ce que l'avenir nous réserve.»

Le festival est généralement perçu comme un tremplin vers les Oscars, plusieurs des titres qui y ont été présentés dans le passé ayant ensuite remporté une statuette dorée. L'édition de cette année risque de ne pas faire exception, puisque plusieurs titres semblent faits pour attirer l'attention lors des remises de prix.

Les festivités commenceront avec la première de Borg/McEnroe, mettant en vedette Shia LaBeouf dans le rôle de la légende du tennis John McEnroe et Sverrir Gudnason dans celui de Bjorn Borg. Elles se concluront avec la comédie française C'est la vie!, d'Olivier Nakache et Eric Toledano.

Le tiers de la programmation est constitué de films réalisés par des femmes, dont Angelina Jolie («First They Killed My Father»), Haifaa Al Mansour («Mary Shelley»), Angela Robinson («Professor Marston & the Wonder Women»), Greta Gerwig («Lady Bird») et Brie Larson («Unicorn Store»).

«Ce sont certains des meilleurs films cette année, sans surprise, affirme Cameron Bailey au sujet de la programmation féminine. Je crois aussi que ce qui est nouveau est que ce sont des films qui peuvent être considérés comme des oeuvres de grande envergure.»

«Ce qui arrive souvent lorsque des femmes essaient de faire des films, c'est que les gens qui ont de l'argent pour les faire n'ont pas suffisamment confiance en ces réalisatrices pour leur donner le budget nécessaire pour tourner des films de grande envergure, le genre de films que l'on présente lors d'une soirée de gala. Mais tout cela commence à changer.»