Fidèle à sa réputation, le Festival de Toronto a attiré une multitude de vedettes de premier plan au cours du week-end. Elles se sont montrées très nombreuses, dans toute leur splendeur, au point où l'on se demande parfois comment peut s'organiser la logistique autour d'une telle circulation d'étoiles.

Bon an mal an, tout se déroule pourtant au quart de tour. Mais on souhaiterait parfois pouvoir se glisser dans les coulisses pour voir comment tout cela se déroule. On imagine les négociations, les consignes, les humeurs. Lors de la conférence de presse de l'équipe du (remarquable) film The Master, Joaquin Phoenix, dont la présence était pourtant annoncée, brillait par son absence. «Il est trop imprévisible!», a lancé en souriant le cinéaste Paul Thomas Anderson.

La veille, le grand cirque médiatique s'était déjà mis en branle dans un climat de tension. Kristen Stewart, l'une des têtes d'affiche de On the Road, l'adaptation cinématographique du célèbre roman de Jack Kerouac, effectuait sa première apparition publique depuis le «scandale» de sa séparation avec son vampire de chum Robert Pattinson. Au cours d'une entrevue accordée à La Presse au lendemain de sa petite balade sur le tapis rouge, sous les flashes des médias du monde entier, l'actrice semblait soulagée. Mais elle affichait néanmoins des signes de nervosité, de fragilité. Elle tenait pourtant à être là. Pour défendre un film qu'elle estime important. Kristen Stewart fut d'ailleurs embauchée pour On the Road avant même la sortie du premier volet de la série Twilight. «C'était un rêve de participer à l'adaptation d'un livre que j'ai lu à l'âge de 15 ans, et qui a bouleversé ma vie, a-t-elle expliqué. J'aurais tout fait pour être de l'aventure On the Road!»

Phoenix et Stewart n'ont évidemment pas été seuls à obtenir l'attention des médias. Johnny Depp est venu défendre le documentaire West of Memphis; Ben Affleck était là avec sa bande pour soutenir la présentation de Argo; Helen Hunt est venue parler de The Sessions, un film de Ben Lewin qui a déjà fait sensation au Festival de Sundance; sans oublier Bradley Cooper et Jennifer Lawrence, les deux vedettes de Silver Linings Playbook, le nouveau film de David O'Russell. Et l'on ne parle ici que des productions ayant eu droit à l'une des conférences de presse officielles du TIFF. Au cours du week-end, des rencontres avec Robert Redford, Michael Haneke, Gael Garcia Bernal et quelques autres figuraient à notre programme...

Cloud Atlas: chef-d'oeuvre ou navet?

À ce chapitre, la palme du plus impressionnant panel revient sans contredit à Cloud Atlas, cette «superproduction indépendante» (produite en Allemagne), réalisée par Tom Tykwer (Cours Lola Cours), Larry Wachowski, et Lana Wachowski (The Matrix). Les trois cinéastes étaient accompagnés par 13 acteurs, rien de moins. Parmi lesquels, excusez du peu, Tom Hanks, Halle Berry, Susan Sarandon, Jim Broadbent et Hugh Grant.

Cette adaptation du roman à succès de David Mitchell, qui mêle six histoires se déroulant à différentes époques, ne fera pas l'unanimité. À Toronto, certains critiques ont louangé la complexité narrative du film et ont aussi relevé ses qualités sur le plan visuel. D'autres n'ont vu dans ce film multi genres de 163 minutes qu'une grosse daube indigeste, dont la fausse profondeur n'a d'égale que la prétention. N'est pas Terrence Malick qui veut. Et que dire des maquillages! Vous l'aurez compris, nous, on se situe plutôt dans la deuxième catégorie...

Lana Wachowski a expliqué la démarche du trio en insistant sur le fait qu'il n'y a pas selon elle de division entre le cinéma d'auteur et la superproduction destinée à un plus large public. Son acolyte Tykwer a de son côté mis l'accent sur la volonté de proposer une superproduction divertissante tout en abordant des questions spirituelles. «Nous sommes tous les trois réunis autour de l'idée commune de faire quelque chose de complètement fou, d'expérimental même, mais qui peut quand même obtenir un grand succès populaire. Nous avons voulu vous entraîner sur plusieurs niveaux, et vous divertir à la fois.»

Tom Hanks, qui a dit ne pas avoir voulu rater l'occasion de travailler dans une «superproduction allemande écrite au Costa Rica» (l'endroit où le trio s'est retiré pour écrire le scénario), a évoqué une «vision très précise qui nous fut présentée dès le départ».

Forcément, l'exercice d'une conférence de presse avec une bande de 16 personnes est fastidieux. Avec son humour pince-sans-rire, Hugh Grant a tenu à remettre les choses en perspective un peu. «Tout le monde ici n'a de cesse de dire à quel point ce tournage fut agréable, mais j'ai vraiment essayé de rendre les choses plus pénibles. Je disais aux techniciens allemands que les Américains étaient plus rapides et plus efficaces. Et vice-versa.»

En Amérique du Nord, Cloud Atlas prend l'affiche le 26 octobre.