L'histoire: À Helsinki, un quinquagénaire qui vient tout juste d'ouvrir un restaurant pour changer de vie prend sous son aile un jeune réfugié syrien, arrivé dans la capitale finlandaise par accident, dont la demande d'asile vient d'être rejetée.
L'esprit de solidarité humaine traverse tout le cinéma d'Aki Kaurismäki. Le cinéaste finlandais, dont la démarche fait parfois penser à celle d'André Forcier chez nous, aborde cette question de façon encore plus directe dans son nouveau film. L'intransigeance grandissante qui contamine le monde en général a sans doute motivé cette approche, teintée d'urgence.
Kaurismäki ne change pourtant rien à son style: décors délicieusement rétro, personnages quasi muets, humour pince-sans-rire, musique formidable, tout y est. À la brutalité ambiante, qu'il évoque bien sûr, le cinéaste répond par la bienveillance et la tendresse discrète. Un mot, un regard, un geste, chaque élan vers l'autre prend son sens dans un récit où la présumée fracture entre le «eux» et le «nous» constitue la trame principale.
En faisant croiser les parcours d'un jeune réfugié syrien et d'un homme d'affaires finlandais, qui, même dans la cinquantaine avancée, laisse tout tomber pour se refaire, le réalisateur de L'homme sans passé allie deux personnages n'ayant en apparence rien en commun, mais liés par un principe fondamental: le droit de repartir à zéro pour se construire une nouvelle vie. Et c'est très beau.
Rappelons que L'autre côté de l'espoir a valu à Aki Kaurismäki le prix de la mise en scène au festival de Berlin.
* * * 1/2
L'autre côté de l'espoir (V.O.: Toivon tuolla puolen). Comédie dramatique d'Aki Kaurismäki. Avec Sherwan Haji, Sakari Kuosmanen et Simon Al-Bazoon. 1 h 40.
Image fournie par EyeSteelFilm