Au Festival de Cannes, après la présentation de Wind River, Taylor Sheridan a qualifié de « honteuse » la façon dont « son peuple » a traité les Premières Nations en Amérique du Nord. Avec Wind River, l'acteur et scénariste (Sicario) aborde, par la voie du thriller, ce sujet d'actualité - l'intrigue du film n'est pas sans rappeler l'enquête sur les femmes autochtones portées disparues au Canada. Pour une première réalisation, le résultat est fort honorable.

Dès la scène d'ouverture, le décor blanc et isolé du Wyoming est planté. L'action se passe dans un monde de survie, où « la plupart des crimes ne sont jamais résolus », et où l'homme est un loup pour l'homme. Avec la cartographie imagée de ce territoire, le film expose brillamment la face cachée du Midwest.

À l'arrivée de l'agente du FBI, jeune et malhabile, le choc des cultures devient le véritable sujet du film. Les diverses forces de l'ordre tentent de collaborer dans cette réserve « de la taille du Rhode Island ». Elles cristallisent les luttes de pouvoir, tout en illustrant l'imbroglio socio-politico-juridique dans lequel on a plongé ces peuples anciens.

Par son ton sombre et caustique, Wind River fait penser aux films des frères Coen, avec une dose d'hémoglobine à la Tarantino en prime ! Le film est dur, violent, sauvage ; toutefois, en scénariste habile, Sheridan insuffle de l'humanité et de l'humour aux personnages et aux situations.

En multipliant les rebondissements, en appuyant sur la morale à la fin, le thriller flirte avec la parodie. Mais son impact demeure aussi fort.

Wind River. Thriller de Taylor Sheridan. Avec Jeremy Renner, Elizabeth Olsen, Graham Greene. 1 h 48.



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Image fournie par TWC 

Wind River