L'histoire: À la fin de l'été, Louise voit le dernier train de la saison, qui dessert la petite station balnéaire de Biligen-sur-Mer, partir sans elle. Contrainte de passer l'hiver dans la ville déserte, la vieille dame doit apprivoiser les éléments naturels et la solitude. Ses souvenirs profitent de l'occasion pour s'inviter dans l'aventure.
On ne sait trop si Louise commence à perdre emprise sur la réalité. Peut-être un peu. Les petites touches surréalistes délicatement déposées dans le récit contribuent d'ailleurs grandement au charme du cinquième long métrage de Jean-François Laguionie, vétéran du cinéma d'animation en France.
Après Le tableau, l'héritier direct de Paul Grimault nous entraîne sur le fil un peu empêtré de la vie d'une vieille dame. La pauvre croyait bien qu'on viendrait la chercher après qu'elle eut raté le dernier train de la saison. Mais tout le monde est parti, personne n'est revenu.
Louise, qui s'interroge parfois sur son passé (elle se convainc qu'elle a «sans doute» déjà eu un mari, des enfants, des petits-enfants), est contrainte de passer l'hiver fin seule dans la petite station balnéaire déserte, accompagnée d'un vieux chien, d'un fantôme à qui elle parle, et de souvenirs qui viennent inopinément s'immiscer dans sa mémoire trouée.
Au-delà du récit, déjà touchant, l'émotion du film émane des magnifiques tableaux du dessinateur. Le trait du pinceau, le grain du papier, les couleurs pastel, la plage, le sable, la nature, le rythme calme, tout confère ici à créer un monde dans lequel l'essentiel d'une existence est circonscrit. Et c'est très beau.
* * * 1/2
Louise en hiver. Film d'animation de Jean-François Laguionie. Avec les voix de Dominique Frot, Diane Dassigny, Antony Hickling. 1h15.
Image fournie par Axia Films
Louise en hiver