Même si la tonalité est très différente, on retrouve dans Demolition des thèmes que Jean-Marc Vallée a souvent explorés dans son cinéma, particulièrement dans Wild, son film précédent.

Cette fois, le protagoniste adopte la manière dure pour se convaincre d'adopter une nouvelle approche de la vie. Il détruit d'abord tout ce qui pourrait le raccrocher à son ancienne existence sur son passage. Pour ensuite mieux se reconstruire sur des bases plus authentiques.

Lors de la première mondiale au festival de Toronto, où son film a été présenté à la soirée d'ouverture, le cinéaste québécois avait déclaré que Demolition était le plus «rock and roll» de ses longs métrages. 

Il est vrai que cette histoire, qui aurait pu emprunter des accents très lourds, est traversée d'une surprenante énergie.

En un instant, la vie de Davis (Jake Gyllenhaal) bascule. Le jeune financier, dont la carrière est tracée d'avance dans la firme de son beau-père (Chris Cooper), se réveille un jour à l'hôpital après un accident de voiture, pratiquement indemne. Sa femme adorée, qui occupait le siège du conducteur, connaît un sort beaucoup plus tragique.

Or, la réaction qu'a Davis face à la mort de celle qu'il aime ne correspond pas du tout à ce qui est «socialement acceptable». Plutôt que de s'effondrer et de trouver réconfort auprès des siens, Davis se détache complètement de ses émotions. Et de ses proches. Il devra même parfois recourir à des mesures extrêmes pour se prouver à lui-même qu'il peut ressentir quelque chose. Sa belle-famille ne le comprend plus, ne le reconnaît plus. Davis s'engage aussi dans un processus de suicide professionnel. La seule relation vraie dans sa vie est maintenant celle qu'il entretient avec la préposée à la clientèle d'une entreprise exploitant des machines distributrices de friandises, auprès de qui il a porté plainte. Le soir de la mort de sa femme, la distributrice de l'hôpital était restée coincée.

Un personnage fascinant

Parallèlement aux liens d'amitié qu'il entretient avec cette femme (Naomi Watts) et le jeune garçon de cette dernière (Judah Lewis), Davis entreprend de détruire physiquement tout ce qu'il peut, autant sur un vrai chantier de démolition que dans sa propre maison au design ultra branché.

Visiblement ravi de pouvoir s'en donner à coeur joie, Jake Gyllenhaal module ici parfaitement toutes les facettes d'un personnage qui reste fascinant, malgré son apparente opacité. Le réalisateur de C.R.A.Z.Y. offre ici un film tonique, souvent drôle, sans toutefois pour cela évacuer la profondeur du récit. La relation qui s'installe entre l'homme et le garçon, qui camoufle sa fragilité sous une apparence frondeuse, est à cet égard exemplaire.

Comme il fallait s'y attendre, le film est aussi magnifié par une trame musicale d'enfer, dans laquelle un vieux tube de Heart (Crazy on You) peut tout aussi bien côtoyer La bohème d'Aznavour.

Demolition prend l'affiche au Québec en version originale et en version française doublée. Les cinéphiles seront toutefois ravis d'apprendre que le Cinéma du Parc offre le film en version originale avec des sous-titres en français. Nous n'applaudirons jamais assez cette belle initiative.

* * * 1/2

COMÉDIE DRAMATIQUE. Demolition. De Jean-Marc Vallée. Avec Jake Gyllenhaal, Naomi Watts, Chris Cooper et Judah Lewis. 1h40.

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