Véritable petit phénomène sur la Toile, les personnages et l'univers du Cas Roberge s'amènent au grand écran. Benoît (Benoît Roberge) aspire toujours à la reconnaissance et à la gloire cathodique.

Il est ici entouré par Jean-Michel (Jean-Michel Dufaux), un has-been de la télé devenu bouddhiste, Sébastien (Sébastien Benoît), l'animateur vedette du moment, et Stéphane (Stéphane E. Roy), un «écrivain» imbu de lui-même.

Entre deux coins de rues du Plateau et deux tournées à l'Edgar Hypertaverne, les trentenaires sont pris entre la nécessité de pourvoir au quotidien et leurs ambitions artistiques. Seul Sébastien se fout un peu des nourritures spirituelles, tant on le reconnaît dans la rue.

C'est donc tout naturellement que Stéphane propose à Benoît, dépité par des échecs professionnels successifs, de l'accompagner dans une retraite d'écriture à Rouyn-Noranda. Sur les traces du génial Godard, ils espèrent écrire le scénario qui révolutionnera leur vie.

Benoît a de grandes ambitions -si l'on considère que le vedettariat télévisuel en est une-, mais il ne souhaite pas trop se casser la tête pour y arriver. Fumiste et fainéant à souhait, le personnage, insupportable, inspire de nombreuses blagues.

Du reste, c'est dans la dérision et l'auto-critique que les scénaristes (Dufaux, Roy et Roberge) puisent leurs gags les plus efficaces. Il y a de quoi se mettre sous la dent pour ce qui tient de la vedette montréalaise, et les saillies des gars trouvent aussi un bon écho grâce aux invités vedettes du film (Guillaume Vigneault, Jean-Thomas Jobin ou Marie Plourde).

Dans la caricature pourtant, c'est le personnage campé par Sébastien Benoît qui suscite l'emballement. On sent que l'animateur s'est jeté sans craintes ni retenue dans la peau de son personnage. Voilà la tonalité qu'auraient dû adopter et garder les autres personnages plutôt que de nous servir, en guise de finale, une morale très premier degré.

Autre écueil, le malaise amoureux du quatuor qui, bien sûr, se représente la femme idéale soit sous les traits de vulgaires pouffes aimantées par les hommes «vus à la télé», soit sous ceux presque virginaux et idéalisés d'une femme croisée dans les rayons d'une librairie. Immatures, les mecs, et pas qu'un peu.

Le cas Roberge est un film sympathique, qui aurait sans doute gagné à se concentrer sur ce qu'il apporte de meilleur, la critique du showbiz. À force de s'éparpiller pour vouloir toucher la corde sensible de monsieur et madame Tout-le-Monde, le film se perd dans des sous-thèmes effleurés à coup de gags. Des lacunes qui s'ajoutent aux problèmes de réalisation, volontairement collée à l'univers des capsules web, ce qui n'est pas du meilleur effet sur grand écran.


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Le Cas Roberge

Une Comédie de Raphaël Malo, avec Benoît Roberge, Jean-Michel Dufaux, Stéphane E. Roy et Sébastien Benoît. 1 h 38.

Les gags se succèdent dans ce film, donnant ici et là quelques coups au milieu du showbiz montréalais. C'est plutôt sympathique quand on évite la morale, mais où est donc le cinéma ?

Benoît est chroniqueur télé très peu connu. Ou plutôt, trop peu connu à ses yeux. Poussé par son ami Stéphane, un aspirant-écrivain, il se retire à Rouyn-Noranda pour écrire le scénario qui, espère-t-il, changera sa vie.