Le film n’avait pas encore pris l’affiche que j’ai commencé à me faire poser la question: «Est-ce que je peux aller voir Coraline avec (choisissez: mon fils, ma fille, mon neveu...) de (choisissez: 5 ans, 6 ans, 7 ans...)? Ma réponse était prête. Et lors de ma rencontre avec Neil Gaiman, j’ai eu le bonheur de me rendre compte qu’il avait la même: je ne sais pas. Parce que je ne connais pas votre fils-fille-neveu-de-5-6-7-ans.

Il est sûr que certaines images et situations du film de Henry Selick, inspiré du roman de Neil Gaiman, peuvent effrayer les enfants sensibles. Il faut connaître leur degré de tolérance à une forme d’horreur – pensez Nightmare Before Christmas, ça vous donnera un indice – pour prendre une décision éclairée. Il faut aussi connaître le vôtre. Savoir jusqu’à quel point êtes-vous capable d’accompagner le petit dans ce voyage mouvementé – mais qui se termine bien (vous devez le savoir, mais pas obligatoirement le lui dire).

Un accompagnement, notez bien, qui se fait pendant le film, mais aussi après. Parce que, comme c’est le cas pour tous les contes qui ont traversé le temps, il y a tant et tellement à dire et à partager au sujet de cette histoire! Sur la bravoure, qui ne veut pas dire ne pas avoir peur mais plutôt avoir peur, justement, et quand même aller de l’avant. Sur ces gens qui nous aiment même s’ils ne nous portent pas l’attention que l’on mérite et ces autres, qui nous en portent même plus qu’on le demande – mais peut-être pas pour les bonnes raisons.

C’est ce que vit Coraline Jones, 11 ans, qui découvre un monde parallèle où ses «autres parents» sont aux petits soins avec elle... mais ne lui veulent pas que du bien, au contraire.

Pour dire cette histoire, Henry Selick a écrit un scénario qui tire le meilleur du formidable roman de Neil Gaiman tout en prenant la distance nécessaire pour en faire un film. Ici, l’ajout d’un personnage. Là, un numéro musical. Partout, une plongée graduelle dans l’angoissant. Ainsi, si les «autres parents» sont bizarres dès leur apparition (oh, ces boutons noirs en guise d’yeux!), c’est petit à petit qu’ils prennent les allures cauchemardesques qu’ils ont dès les premières pages du livre.

Pour ce qui est de l’aspect visuel du film, il est extraordinaire. Jouissif, pour ceux qui goûtent ce genre. L’animation image par image bénéficie des progrès incommensurables que la technologie a connus au cours des 15 dernières années; et l’effet obtenu par le tournage en 3D stéréoscopique nous entraîne carrément dans le récit – parce que la technique n’est pas utilisée comme un truc «magique», mais est mise au service de l’histoire et du propos. Il faut par contre porter les fichues lunettes pour en profiter. Ça vaut le coup? Là, j’ai une réponse claire: oui.

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Coraline
Film d’animation de Henry Selick. 1h40.

Une fillette découvre un monde parallèle qui ressemble au sien... mais en mieux. Jusqu’à ce que le rêve se transforme en cauchemar.

Une réussite autant sur le plan narratif que visuel.