Elsa a 82 ans, mais prétend en avoir 77. Simple coquetterie? Non. Plutôt une manière d'embellir la réalité, de la couvrir de petits et de grands mensonges pour s'amuser ou pour camoufler ses bêtises.

Un jour, à Madrid, où elle vit, elle fait la rencontre d'Alfredo, à peu près de son âge, veuf depuis peu, hypocondriaque et déprimé. Pourtant, Elsa voit en lui l'homme qui lui rendra la vie douce et belle, l'homme qui lui permettra peut-être d'aller au bout de son rêve de toujours : se jouer la scène de la baignade dans la fontaine de Trevi à Rome, comme Anita Ekberg et Marcello Mastroianni dans La Dolce Vita de Fellini.


Bien plus qu'une lubie, ce rêve est une déclaration d'amour à la vie. C'est une fontaine de Jouvence qui permet à Elsa de rester adolescente dans l'âme et à Fred de guérir de la peur de vivre, bref, de devenir jeune. Picasso disait qu'il fallait du temps pour y arriver...


D'ailleurs, les enfants d'Elsa et de Fred ne touchent pas encore cette jeunesse. Ils perdent le plaisir dans le contrôle, ils tournent souvent le dos à l'essentiel, ils voient les corps vieillissants de leurs parents comme un obstacle à l'amour, perçu tantôt comme un danger, tantôt comme un caprice indigne de leur grand âge.


Beau à faire couler des larmes

Pourtant, cet amour de minuit moins cinq, c'est celui de la profondeur et de l'abandon, à l'autre et à l'instant. Il faut voir cette espiègle Elsa insuffler sa vitalité à Fred et Fred mettre sa générosité au service du rêve de sa bien-aimée. C'est beau et joyeux à faire couler des larmes. Et puis c'est drôle à s'esclaffer. Parce qu'Elsa est d'une savoureuse désinvolture et parce qu'elle arrive à donner à ses travers l'éclat des pierres précieuses. Et aussi parce que c'est émouvant de voir le bon Fred toucher la joie d'être libre.


China Zorilla (Elsa) et Manuel Alexandre (Fred) incarnent leurs personnages avec tellement de sensibilité et de lumière qu'ils touchent le sublime, nous maintenant constamment sur le fil des émotions. Le réalisateur argentin Marcos Carnevale, quant à lui, filme ses acteurs avec une infinie tendresse et avec une délicatesse qui rend à la fantaisie toute sa
noblesse.


La soif de vivre et le désir d'aimer, voilà ce que nous donne Elsa et Fred. Sans compter le rêve de Rome et l'envie pressante de louer La Dolce Vita!

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Au générique


Cote : ****
Titre : Elsa et Fred (v.o.a. esp. s.-t. fr.)
Genre : comédie dramatique
Réalisateur : Marcos Carnevale
Acteurs : China Zorilla, Manuel Alexandre, Bianca Portillo
Salle : Cartier
Classement : général
Durée : 1h46
On aime : les émotions intenses, les personnages adorables, les acteurs formidables, le scénario magnifique, le ton tragicomique
On n'aime pas : ne pas pouvoir partir à Rome!