Sean Marckos se déplace en chaise roulante depuis sa naissance il y a 27 ans, victime de dystrophie musculaire. Il roule à l’électricité, mais surtout au rêve et à la foi qui ont raison de l’indifférence.

La bande-annonce du film

Le jeune homme a mis quatre ans pour terminer son premier long métrage numérique, De l’autre côté, sélectionnés par 11 petits festivals de cinéma en Europe et aux États-Unis, dont celui de Flint, Michigan, ville de Michael Moore, et d’Hollywood. Ce dernier exploit l’enchante. Sean Marckos veut faire du cinéma commercial.

«Je ne m’en cache pas. Mes idoles sont Steven Spielberg, George Lucas et Luc Besson. Je veux démontrer que nos rêves peuvent se réaliser si l’on y croit», soutient-il.

Le tournage de ce premier film a coûté au plus 10 000 $. Sans subventions, De l’autre côté a ensuite nécessité une longue post-production en raison d’un grand nombre d’effets spéciaux, supervisés par le réalisateur et Christian Desnoyers, un autre fou de cinéma parti de rien.

Le long métrage fantastique, qui n’a pas de distributeur non plus, a essuyé les refus de la SODEC et de Téléfilm, ce qui a forcé M. Marckos à mettre les bouchées doubles.

«Ça prend des gros noms pour avoir des subventions. C’est vrai que j’ai voulu démontrer qu’on pouvait y arriver quand même. Mais je ne souhaite pas revivre ce que j’ai vécu. Je dirais à ceux qui veulent faire du cinéma de ne pas attendre que quelqu’un le fasse à leur place», lance-t-il.

Sa petite équipe comprend, en fait, un noyau dur de quatre personnes auquel s’ajoutent le musicien Bobbi Cyr et le producteur, Jean-Robert Cloutier, John R. Cloutier au générique! Avec Sean Marckos et sa bande, on a l’impression de retrouver l’enthousiasme des cinéastes américains des années 70 qui étaient passés par la pellicule super-8 avant de rêver au grand écran.

«C’est en étudiant leur réussite que j’ai compris qu’on peut y arriver. Ils sont également partis de rien», note celui qui a déjà produit une publicité, deux vidéoclips ainsi que des spectacles de mode et de chanson, dont une présence du roi du merengue, Elvis Crespo, en 2005 à Montréal.

Et le jeune homme ne s’arrêtera pas là. Il a trois projets de films dans ses cartons, dont une fiction féérique, inspirée de ses mésaventures comme apprenti-réalisateur. Aussi, un film de guerre et un documentaire avec des célébrités qui «ont réalisé leur rêve dans la vie».

«Tous les profits de ce documentaire seront versés à des organisations qui militent pour réaliser les rêves d’enfants», précise-t-il avant d’ajouter qu’il travaille également à la production d’un spectacle pour le Darfour.

Ouf! Lui reste-t-il du temps pour rêver? «Je manque de temps pour dormir», ricane-t-il.

Né à Montréal, il a grandi, avec ses parents argentins, jusqu’à l’adolescence à Mar del Plata. Trilingue, autodidacte et pragmatique.

«Mon handicap m’a amené à prévoir davantage. Je dois tout organiser d’avance pour monter un projet et surtout, trouver les moyens de le réaliser», explique-t-il.
Sa compagnie de production, Dreamsgate, notez le clin d’oeil au DreamWorks de Spielberg, se veut une boîte intégrée, capable de mener un scénario de l’idée de départ jusqu’à l’écran, en passant par la production d’effets spéciaux.

«Un peu comme le fait Industrial Light Magic (ILM) de George Lucas», fait l’ambitieux jeune créateur, enfant des Star Wars et autres E.T.

Mais quand Sean Marckos appelle à la maison maintenant, on répond : «Dreamsgate bonjour!». Le jeune cinéaste n’a pas besoin de rouler à bicyclette pour s’élever dans les airs.