Après avoir partagé le petit écran dans Unité 9, Paul Doucet et Suzanne Clément se retrouvent au grand écran dans Rest Home.

«Coupé!», crie le réalisateur Michael Rowe au Marché aux puces St-Michel. Toute l'équipe applaudit Suzanne Clément qui vient de tourner sa dernière scène.

Même si leurs rôles sont exigeants émotionnellement, Paul Doucet et Suzanne Clément se trouvent choyés de faire partie de ce long métrage. Au départ, Roy Dupuis et l'Australienne Melissa George devaient jouer leurs personnages. Le réalisateur en a décidé autrement.

«Ce sont deux acteurs intelligents qui permettent aux rôles et à l'histoire d'évoluer encore plus», dit Michael Rowe.

Paul Doucet et Suzanne Clément incarnent un couple de parents dont la relation bat de l'aile. Après 10 ans de vie commune, la chimie et l'harmonie n'y sont plus.

«Les deux personnages ont des fantômes, dit Paul Doucet. Ils ont un passé lourd. Il y a clairement un manque de communication entre eux. Ils ne se rencontrent pas: quand l'un désire, l'autre ne désire pas, quand l'un veut, l'autre ne veut pas. Il n'y a rien qui marche.»

Suzanne Clément, qui interprète une Russe ne parlant pas français, ajoute: «Elle [son personnage] se retrouve, dix ans plus tard, avec deux enfants, dans un milieu francophone. Est-ce une décision qu'elle a prise ou qu'elle subit? Il y a des choix qu'on fait dans la vie qui ne sont peut-être pas des choix pleinement assumés.»

Le réalisateur australo-mexicain, qui a reçu la Caméra d'or au Festival de Cannes en 2010 pour Année bissextile, a choisi de camper son histoire au Québec: «J'aime l'idée d'avoir de la neige, que les gens restent enfermés à l'intérieur pendant des mois. Ce froid glacial peut rendre extrêmes les situations émotionnelles difficiles.»

Pour rendre l'histoire encore plus réelle, Michael Rowe a ajouté des dialogues en français dans ce film tourné principalement en anglais. Ainsi, Paul Doucet parle la langue de Molière avec ses collègues et dans les lieux publics. Par contre, à la maison, avec les membres de sa famille, il s'exprime en anglais.

Même si le réalisateur n'a jamais vécu au Canada, ce film est québécois, selon le producteur Serge Noël: «C'est un film québécois avec un réalisateur mexicain. C'est vraiment comme ça que je vois le film. Il y a vraiment une sensibilité mexicaine, qui est celle de Michael, et un savoir-faire québécois.»

Et comme le cinéaste l'a fait pour ses deux films précédents, toutes les scènes de Rest Home sont des plans-séquences, c'est-à-dire tournées en un seul plan.

«Les plans-séquences, c'est très difficile à faire, il faut que ce soit parfait de bout en bout», dit Serge Noël.

Suzanne Clément ajoute: «Avec ce plan unique, il veut vraiment toucher à l'intimité des personnages. Je pense que c'est une bonne façon aussi. C'est comme un oeil qui observe.»

Le tournage de Rest Home se poursuivra jusqu'à la mi-décembre. Doté d'un budget de 2,5 millions de dollars, le film devrait prendre l'affiche en 2015.