Depuis cinq ans, Marie-Claude Bourbonnais court les Comiccon vêtue de latex multicolore. Cette cosplayer de haut niveau - costumadière en français - a un rêve: concevoir des costumes pour les superproductions américaines.

Son métier, c'est avant tout la couture. Diplômée en design de mode, elle a fabriqué elle-même la trentaine de costumes d'héroïnes de films, de mangas ou de jeux vidéo qu'elle porte pour participer à ces événements. Depuis qu'elle a eu la piqûre, en 2009, elle a participé à près d'une cinquantaine de Comiccon au Canada, aux États-Unis, au Mexique et en Argentine.

«Je confectionnais des costumes pour des écoles de danse et des robes de bal, mais je ne gagnais pas ma vie avec ça, dit-elle. Je me suis d'abord fait connaître comme modèle pour des photos sexy de magazines pour hommes. Un jour, pour m'amuser, j'ai décidé de me faire un costume de Frost, personnage de Mortal Kombat. J'ai mis des photos de moi en Frost sur l'internet. C'est alors que j'ai découvert que plein d'autres personnes s'adonnaient à cette activité, et que ça s'appelait cosplay

Cette découverte lui a ouvert la porte d'un univers qui allait lui permettre d'exercer sa vraie passion, la confection de costumes. Elle a participé à son premier Comiccon, le Dragoncon, à Atlanta, en 2010, et ne s'est pas arrêtée depuis. La costumade, ou cosplay, est devenue pour elle un mode de vie.

De fil en aiguille, elle s'est fait connaître au point d'avoir des fans et de servir de modèle pour trois jeux de table et de cartes produits par la société américaine Soda Pop Miniatures. Elle a aussi développé toute une gamme de produits dérivés, surtout des photos d'elle, qu'elle vend dans les Comiccon. Elle a joué le rôle de Hornet dans la première saison de la websérie Heroes of the North, développée au Québec par le producteur Christian Viel. Pour la saison 2, dont le tournage est à venir, elle a fabriqué des costumes, et son personnage sera plus présent. Heroes of the North est aussi une série de livres.

Avec un associé, elle a loué un atelier dans un parc industriel pour peaufiner ses déguisements. Ils ont fait mouler un mannequin de latex sur son corps pour qu'il serve aux essais et aux ajustements. Pour le costume de Power Girl, ils ont fabriqué de faux bras musclés, car cette petite cousine de Superman est douée d'une grande force.

«Je passe souvent autour de 100 heures à créer chaque costume en faisant tout de A à Z. Je conçois moi-même les patrons. Certains costumes ont coûté jusqu'à 3000$. Je travaille avec toutes sortes de matériaux, le cuir, le latex, les tissus. J'en ai un avec des parties en fibre de verre. Tous mes costumes sont sophistiqués dans les moindres détails. J'aime ceux qui représentent des défis techniques.»

Culture Comiccon

Au Comiccon de Montréal, elle portera trois ou quatre costumes différents, dont celui de Green Lantern, qu'elle a revêtu lors sa visite à La Presse.

«Ce que j'aime dans les Comiccon, c'est qu'il s'agit d'une récompense après avoir travaillé pendant des jours dans mon atelier. Je peux enfin montrer aux gens ce que j'ai fait.»

En Amérique du Nord, les Comiccon sont les congrès de l'imaginaire les plus populaires, et ils sont très axés sur les personnages de fiction américains. Le plus important est celui de San Diego, qui attire quelque 130 000 visiteurs. À Montréal, l'activité, qui en est à sa sixième édition cette année, a attiré environ 42 000 personnes l'an dernier. On s'attend à en accueillir 50 000 cette année.

«C'est un Comiccon de taille moyenne, mais je pense que ça va continuer à prendre de l'expansion. Sa popularité a explosé lorsqu'ils ont invité Stan Lee, l'auteur légendaire de Marvel Comics, en 2011.»

Ailleurs dans le monde, ce sont plutôt les congrès d'animes (NDLR: animations japonaises), comme l'Otakuthon qui a eu lieu il y a quelques semaines au Palais des congrès, qui sont les plus répandus, selon elle.

«Dans les Comiccon, le public est plus âgé que dans les congrès d'animes. Il y a pas mal de gens de 40 ans et plus, qui dépensent plus d'argent. Ce ne sont pas nécessairement eux qui se déguisent le plus, mais ce sont de grands fans. Ils payent pour se faire prendre en photo avec leur vedette préférée, et n'hésitent pas à dépenser 400$ pour une figurine. Dans les congrès d'animes, qui sont plus petits, la moyenne d'âge est moins élevée et les visiteurs se déguisent davantage. J'aime beaucoup les personnages d'animes, mais pour me faire connaître en Amérique du Nord, c'est mieux pour moi de me concentrer sur les personnages de comics américains.»

À moyen terme, la jeune femme espère que sa petite entreprise lui permettra de percer auprès des studios américains et de faire des costumes pour le cinéma.

«Je dépense énormément pour mes costumes, mais c'est un pari que j'ai pris avec ma vie. Aux États-Unis, il y a quelques cosplayers qui vivent de ça. Mais au Canada, à ma connaissance, je suis la seule à avoir poussé la chose aussi loin. Je veux vivre de mon art et j'investis temps et argent pour y arriver.»

______________________________________________________________________________

Comiccon de Montréal, du 12 au 14 septembre, au Palais des congrès.

À voir au Comiccon

1- Des dizaines de vedettes du cinéma ou de la télévision

Patrick Stewart (Star Trek: The Next Generation), Hulk Hogan, Danny Glover, Karl Urban (The Lord of the Rings: The Two Towers, Star Trek: Into Darkness), Katee Sackhoff (Battlestar Galactica), parmi tant d'autres.

2- Les «costumadiers»

Amateurs ou professionnels, ceux que l'on appelle les cosplayers s'amusent et en mettent plein la vue en incarnant leurs héros préférés de la science-fiction, du fantastique ou de l'horreur. Et rien ne vous empêche d'en faire autant!

3- Des dessinateurs, auteurs et bédéistes québécois

Anne Robillard, Denis Rodier, Jimmy Beaulieu, Gautier Langevin, Michel Lacombe, Zviane, pour n'en nommer que quelques-uns.

4- La Delorean

La voiture à voyager dans le temps de Retour vers le futur.

5- L'Ecto-1

La voiture de Ghostbusters.

Photo: fournie par Comiccon

La voiture Delorean.