À 24 ans, la réalisatrice Chloé Robichaud a connu une année faste. Après un passage au Festival de Cannes, où son court métrage Chef de meute a été présenté en compétition officielle, elle a réalisé son premier long, Sarah préfère la course, cet été. «2012 a été l'année de la concrétisation de certains objectifs et de rêves que j'avais», dit cette jeune femme un brin timide.

En 2013, la jeune réalisatrice Chloé Robichaud va lancer son premier long métrage, Sarah préfère la course.

Ressent-elle de la pression dans un contexte où le cinéma québécois en arrache au box-office_?

«J'ai été un peu stressée, dit-elle, mais je me suis calmée en me disant que j'ai fait le film que je voulais faire. Je me mets plutôt de la pression du fait qu'il y a encore peu de femmes dans le long métrage. J'aimerais continuer d'être là et d'encourager d'autres femmes à y être. C'est peut-être ça, la vraie crise_! Au cinéma, ça prend des jeunes dans la vingtaine, dans la trentaine, des vétérans, des hommes et aussi des femmes. On a besoin d'un mélange heureux._»

Son film précédent, un court métrage intitulé Chef de meute, a été présenté en compétition officielle au Festival de Cannes, en mai dernier.

«Chef de meute a été tourné en février avec mon argent et celui de ma productrice [Fanny Malo]. On a fait ça entre amis, pour le plaisir, en trois jours, précise-t-elle. Pendant une semaine, j'ai monté le film de nuit et j'ai soumis une copie à Cannes par simple envie que les gens du festival voient mon travail._»

Quant au long métrage Sarah préfère la course, écrit sur une période de trois ans, il est financé par les institutions, une rareté pour une cinéaste de 24 ans.

«Je me sentais prête. Je sentais que l'histoire était là, enchaîne Chloé. Ma petite voix intérieure me disait que c'était à ce moment-ci de ma vie que je devais faire ce film. Je ne pense pas que l'âge influence l'expérience. On doit faire les projets quand on est prêt à les faire._»

La réalisatrice a eu l'appui de Pierre Brousseau (Films Séville), qui encourage la relève.

«J'aime Chloé parce qu'elle a quelque chose à dire de très contemporain avec sa sensibilité propre et parce qu'elle n'a peur de rien, dit-il. Elle fait partie des rares cinéastes de sa génération qui sont en train de tisser l'avenir de notre cinématographie._»

«Chloé, c'est mon gros rush créatif, ajoute Sophie Desmarais, vedette de Sarah préfère la course. J'admire sa rigueur, son calme._»

«Elle repousse habilement mes limites à tout coup, indique de son côté Ève Duranceau, qui joue le rôle principal dans Chef de meute. Elle fait partie des gens auprès desquels je souhaite évoluer et vieillir en tant qu'artiste._»

Pour reprendre un vieux cliché, Chloé Robichaud est tombée dans la marmite du cinéma quand elle était petite. Son père, grand cinéphile, possède une impressionnante collection de DVD dans laquelle elle potasse. En sixième année du primaire, elle participe au tournage d'un petit film. Coup de foudre. Elle n'arrêtera plus de filmer, allant jusqu'à tourner un documentaire sur son équipe de basketball, à l'école secondaire.

Inscrite au cégep F.-X. Garneau en cinéma, elle s'initie à la fiction et rencontre Jessica Lee Gagné, qui deviendra sa directrice photo attitrée.

Du cinéma, Chloé aime l'écriture dans toutes ses formes. «_J'ai un fort besoin de raconter des histoires, dit-elle. Je me crée constamment plein d'histoires. J'ai un besoin d'extérioriser et de partager ce que je pense. Le cinéma me fait cet effet. Au cinéma, j'aime qu'on me dise quelque chose, qu'on me choque, qu'on m'envoie des réflexions, qu'on me bouleverse. Si des gens le font pour moi, j'ai aussi envie de le faire pour d'autres._»

Chloé Robichaud veut simplement faire sa place. Et la couleur qu'elle entend donner à ses films est à l'avenant. «Les thèmes qui m'habitent portent beaucoup sur la place qu'on peut prendre dans la vie, confie-t-elle. D'ailleurs, mon second long métrage portera sur des femmes politiques.»