Après la fermeture du cinéma Excentris, le 24 novembre 2015, le directeur général de la Cinémathèque québécoise (CQ), Marcel Jean, a proposé que son institution s'engage dans la diffusion de nouveautés de niche, notamment des documentaires québécois. Résultat : le centre Art et essai de la CQ amorçait ses activités le 1er avril 2016.

Un an après son ouverture, le centre Art et essai de la CQ atteint pratiquement ses objectifs de taux d'occupation. Mais pour que l'aventure se poursuive, un financement récurrent sera requis.

C'est qu'indique le directeur général de la CQ, Marcel Jean, en entrevue avec La Presse. « Je me suis dit qu'avec un taux d'occupation de 18 %, on allait bien s'en sortir, mais que ce démarrage allait être progressif, indique-t-il. Effectivement, les premiers mois ont été difficiles. Mais à l'heure actuelle, nous y sommes presque. Sauf qu'un taux d'occupation de 18 % ne paie pas tout. Il nous faudra aller chercher une aide récurrente de 80 000 $ à 100 000 $ par année pour croître et nous développer. »

On doit comprendre qu'avant, la CQ ne diffusait pas de nouveautés. Les films présentés faisaient partie de la programmation régulière découpée en cycles (par exemple, des rétrospectives sur un cinéaste ou des présentations thématiques).

Avec la fermeture d'Excentris, M. Jean a présenté un plan au ministère de la Culture et des Communications en disant que la CQ pouvait prendre la relève. Il lui fallait toutefois une aide raisonnable au démarrage pour changer la billetterie, faire de la promotion et ajuster la signalisation. 

« Avec des exclusivités, on doit travailler différemment. Le meilleur exemple est la billetterie. Maintenant, les gens peuvent réserver en ligne. »

Par le truchement de la SODEC, le ministère de la Culture a transféré une somme non récurrente de 200 000 $ à la CQ pour lancer son projet. La CQ doit maintenant remettre aux autorités gouvernementales un rapport d'évaluation de la situation d'ici la fin du mois de juin.

À la SODEC, la présidente Monique Simard se montre optimiste pour la suite des choses. « Avec la perte de la salle Parallèle d'Excentris, le documentaire québécois devait trouver un autre lieu de diffusion. La CQ remplit très bien son mandat de lui faire cette place », dit-elle.

Elle n'est pas la seule. La Presse a demandé à trois cinéastes dont les films ont été diffusés au centre Art et essai de parler de leur expérience. Tous ont exprimé leur satisfaction. « La salle est feutrée et intime avec des conditions de projection optimales », dit Sophie Goyette (Mes nuits feront écho). Même chose avec Olivier Asselin (Le cyclotron) et Jérémie Battaglia (Parfaites). Ces derniers espèrent toutefois que les cinéphiles s'habitueront à passer par la CQ pour voir des nouveautés et que l'institution fera davantage la promotion de ce volet de sa programmation.

L'Office national du film, dont plusieurs productions sont projetées à la CQ, a aussi manifesté sa satisfaction. « Nous avons eu trois sorties en salle cette année à la Cinémathèque et nous sommes enchantés des recettes engendrées par ces films », dit-on.

Boire et manger ?

Avant l'ouverture du centre Art et essai, le nombre de projections hebdomadaires à la CQ était de 17, regroupées sur cinq jours, du mercredi au dimanche. Avec l'ajout du centre dans la salle Fernand-Seguin, qui, auparavant, servait davantage à des événements particuliers ou des projections lors de festivals, ce nombre passe à une quarantaine sur sept jours.

« Avec les nouveautés, on attire une nouvelle clientèle de gens qui découvrent la CQ, visitent nos expositions, etc. Ça dynamise le lieu », se réjouit Marcel Jean.

Autre idée en réflexion : voir si la CQ mettra fin à l'interdiction de boire et de manger dans ses salles. « Nous avons toujours eu une approche de rituel de projection où boire et manger étaient interdits, dit M. Jean. On réfléchit à l'idée d'assouplir cette règle. Mais comment réagiront nos habitués ? On doit évaluer les avantages et les inconvénients. »

Photo Ivanoh Demers, La Presse

« Il nous faudra aller chercher une aide récurrente de 80 000 $ à 100 000 $ par année pour croître et nous développer », affirme Marcel Jean, directeur général de la Cinémathèque québécoise, à propos de la programmation Art et essai de l'institution.

Photo Bernard Brault, Archives La Presse

« La salle est feutrée et intime avec des conditions de projection optimales », dit la réalisatrice Sophie Goyette, dont le film Mes nuits feront écho a été projeté au centre Art et essai de la Cinémathèque québécoise.

Le top 5 au box-office du centre Art et essai

(Du 1er avril 2016 au 31 mars 2017)

Gulîstan, terre de roses de Zaynê Akyol : 1100 spectateurs*

Parfaites de Jérémie Battaglia : 1050

Le chantier des possibles d'Ève Lamont : 550

Au pays de la muraille enneigée de Marilú Mallet : 500

Wasekun de Steve Patry : 400

* Les chiffres ont été arrondis