Rock Demers produit ses Contes pour tous depuis près de 30 ans. Depuis La guerre des tuques, sorti en 1984, les nouveaux titres du producteur de 80 ans se sont succédé: Opération beurre de pinottes, Bach et Bottine, La grenouille et la baleine, Le jeune magicien, Les aventuriers du timbre perdu, etc. La Presse a profité de sa présence au tournage de La gang des hors-la-loi au Nouveau-Brunswick pour lui poser quelques questions.

Q : Vous avez en quelque sorte consacré votre carrière au cinéma pour enfants. Pourquoi?

R : Je trouve que les films qu'on voit de 7 à 12 ans sont souvent ceux qui sont les plus marquants. Ce sont des films dont on se souvient le plus longtemps, en tout cas. Je trouve que le cinéma est aujourd'hui violent, gratuit et complètement dominé par la technologie. Mais l'expérience humaine vécue par un jeune, c'est important de continuer à la représenter à l'écran.

Q : Quelle est la signature des Contes pour tous?

R : D'abord, les personnages principaux sont toujours des jeunes d'une douzaine d'années. Une année, c'est un garçon, la suivante une fille, on alterne. La nature est aussi toujours importante dans nos films. Il y a toujours une grande diversité parmi les personnages. Il y a toujours beaucoup de tendresse et d'humour, même si certains passages sont plus difficiles. Comme dans ce film avec le personnage du grand-père alcoolique. Enfin, ce sont toujours des films contemporains, l'action se passe toujours aujourd'hui. Je trouve ça important qu'elle soit enracinée dans notre réalité.

Q : Quel est le film le plus marquant pour vous?

R : C'est difficile à dire. Chaque pays a son film préféré. Au Japon, c'est Bye bye chaperon rouge; en Argentine, c'est La grenouille et la baleine; en Russie, c'est Bach et Botttine. Imaginez, ce film-là a été vu par 40 millions de personnes dans des salles de cinéma en ex-URSS! Il y avait 3000 exemplaires de 35 mm qui circulaient... Quant à moi, c'est le premier qui demeure le plus important pour moi [La guerre des tuques, dont une version en 3D pourrait voir le jour]. Quand le film est sorti, j'avais déjà choisi le sujet des cinq premiers films. Je me disais que si le premier avait du succès, je ne voulais pas attendre trois ans avant que le prochain arrive.

Q : Les films sortent moins fréquemment qu'il y a 10 ans, pourquoi?

R : On a ralenti le rythme des sorties parce que c'est de plus en plus dur à financer. Il y a plusieurs raisons. Mais une des raisons est que les propriétaires de salles estiment qu'ils perdent de l'argent avec des films pour enfants, parce que le prix des billets est moins élevé pour eux... Et puis, il faut rivaliser avec les autres films du box-office (dont les films américains), qui reçoivent 100% du prix des billets... Ce n'est pas facile.

Q : Quels sont les prochains films en chantier?

R : J'en ai quatre. Une suite des Aventuriers du timbre perdu avec un réalisateur canadien. Un autre film avec l'équipe roumaine avec qui j'avais coproduit La championne. Un autre projet scénarisé par Kim Nguyen, qui serait réalisé par Patrice Sauvé, qui s'appelle Le plieur du temps. Et puis, je me garde un dernier projet qui sera une adaptation cinématographique de la plus vieille légende humaine, Gilgamesh. Ç'a été écrit il y a 7000 ans en Mésopotamie, on a découvert les tablettes de cette légende il y a 150 ans. C'est l'histoire d'un jeune roi qui a fondé la cité d'Uruk (l'Irak) et qui cherche à percer le secret de l'immortalité. On rentre dans l'histoire grâce à un jeune garçon de 12 ans dont le père est archéologue.

Q : Y a-t-il une relève pour les Contes pour tous?

R : Je suis justement en train de discuter avec quelqu'un qui pourrait prendre la relève. Je vais rester deux ou trois ans encore avant de céder ma place. Je préfère ne pas vous dire qui c'est, mais c'est quelqu'un que je connais bien, en qui j'ai parfaitement confiance et qui connaît bien le métier de producteur.