Avec des recettes constituant 4,8% des parts de marché, le cinéma québécois termine l'année 2012 avec sa pire performance en salle depuis 2000.

C'est le constat que fait la firme Cinéac, spécialisée dans le box-office des films au Québec. Dans un rapport rendu public hier, Cinéac montre que la chute - déjà notée par l'ensemble de l'industrie - a été brutale. De 9,9% en 2011, les parts de marché ont, à 4,8%, baissé de moitié.

En chiffres absolus, les films québécois ont enregistré des recettes de 9,7 millions (chiffres arrondis) en 2012 comparativement à presque 20 millions de dollars l'année précédente.

Seules deux productions québécoises sortent de 2012 avec des scores millionnaires. Il s'agit d'Omertà, de Luc Dionne (Cinémaginaire), beau succès estival avec des recettes de 2,7 millions, et des Pee-wee 3D, d'Éric Tessier (Christal Films). Ce dernier film, sorti le 21 décembre et toujours en salle, a engrangé des recettes de 1,3 million en 10 jours.

De 2000 à 2005, le cinéma québécois a vu ses parts de marché augmenter constamment. Par la suite, elles ont amorcé une descente entrecoupée de deux sursauts, en 2009 et en 2011. Durant cette période de 13 ans, la moyenne des parts du cinéma québécois a été de 10,2%.

Les parts de marché perdues en 2012 l'ont été au profit du cinéma français (de 3,4% en 2011 à 6% en 2012), canadien (de 0,2 à 1,5%) et américain (de 77,9 à 79%).

Le film le plus populaire de l'année est The Avengers, avec 9,9 millions de dollars, devant Skyfall (9,3 millions) et The Dark Knight Rises (8,4 millions). À noter que le cinéma 3D a enregistré une hausse importante en 2012 avec des parts de marché de 30,1% comparativement à 26,2% en 2011.

Déçu, mais pas surpris

Pour le président et chef de la direction de la SODEC, François Macerola, ces résultats sont décevants. Mais ils ouvrent la porte à une franche discussion et à une réflexion sur le financement et l'avenir du cinéma québécois.

«Il n'y a pas de surprise avec ces chiffres. Nous les connaissions depuis un mois, rappelle-t-il. On aurait préféré bien entendu avoir des parts de marché plus importantes. Mais le film québécois fonctionne bien à l'international. À preuve, nous avons encore un film du Québec (Rebelle, de Kim Nguyen) toujours dans la course aux Oscars.»

D'ici à quelques semaines, la SODEC réunira une vingtaine de personnes pour un atelier de réflexion sur le cinéma québécois. M. Macerola entend y aborder plusieurs questions, comme le choix des scénarios, la mise en marché ou la bonne façon de toucher le jeune public.

Baisse du nombre de parutions en DVD et Blu-ray

L'organisme DVD en français, qui suit l'actualité francophone dans les supports DVD et Blu-ray, dresse un bilan plutôt négatif de la production québécoise de 2012. L'an dernier, l'organisme a recensé la sortie de 143 productions québécoises en DVD et en Blu‑ray, comparativement à 201 en 2011.

«Il s'agit d'une baisse de 41%. C'est la quatrième année consécutive où l'on constate une diminution du nombre de sorties», dit le magazine en ligne Qui fait quoi dans son numéro du 4 janvier.

Depuis 2004, la moyenne annuelle de sorties des productions du Québec a été de 246 DVD et Blu-ray. Des 143 productions de 2012, seulement 13 étaient offertes en Blu‑ray, comparativement à 20 en 2011. Les parutions dans les genres les plus importants se détaillent ainsi: 35 séries télévisées, 29 documentaires, 26 drames et 11 spectacles d'humoristes.