Les nominations pour la 89e soirée des Oscars ont été dévoilées ce matin. Le réalisateur québécois Denis Villeneuve est en lice dans la catégorie du meilleur réalisateur pour son film Arrival tandis que le Canada fait également belle figure dans la catégorie du meilleur court métrage d'animation avec la nomination de Theodore Ushev pour son film Vaysha l'aveugle. Xavier Dolan n'a, quant à lui, pas été retenu dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère pour son film Juste la fin du monde.

C'est la comédie musicale La La Land qui arrive en tête des nominations. Chantée et dansée par Emma Stone et Ryan Gosling, elle mène largement la course aux Oscars avec 14 nominations, tandis que la Française Isabelle Huppert est finaliste pour le prix de la meilleure actrice.

Avec cette brassée spectaculaire, l'ode à Hollywood du jeune prodige de 32 ans rejoint Titanic de James Cameron et Eve de Joseph Mankiewicz au firmament du plus grand nombre de nominations.

«Quand on mentionne ces films, j'ai la tête qui tourne encore plus qu'elle ne tournait déjà», a réagi le jeune réalisateur prodige de 32 ans interrogé par Variety, la bible du secteur du cinéma. «Je suis sans voix» et «étourdi».

«Peut-être que ce sera pour moi un long et inexorable déclin après ça. Mais je n'espère pas!», a encore plaisanté Damien Chazelle.

Le film de science-fiction Arrival avec Amy Adams et Moonlight, drame de Barry Jenkins sur un jeune garçon noir et homosexuel, sont les deux autres films les plus cités avec chacun 8 nominations, a annoncé mardi au petit matin l'Académie américaine des arts et sciences du cinéma, qui remet ces prestigieuses récompenses.

Manchester by the Sea, avec Casey Affleck dans le rôle d'un homme hanté par un drame et soudainement forcé de s'occuper de son neveu, Hacksaw Ridge de Mel Gibson qui fait son grand retour sur le devant de la scène hollywoodienne, Hidden Figures, Lion, Fences et le western Hell or High Water étaient également finalistes dans la catégorie meilleur film.

Casey Affleck, Ryan Gosling, Denzel Washington qui a mis en scène et interprète Fences, Viggo Mortensen en père utopiste et Andrew Garfield dans le film sur la Seconde Guerre mondiale Hacksaw Ridge, étaient en lice pour la statuette de meilleur acteur.

Consécration pour Huppert

Chez les comédiennes, Isabelle Huppert, déjà lauréate d'un Golden Globe au début du mois, s'est hissée dans la sélection du prix de la meilleure actrice.

Si elle l'emportait, elle serait la troisième actrice française à réussir cet exploit après Marion Cotillard, lauréate pour son interprétation d'Édith Piaf dans La vie en rose (2008), et encore nommée pour Deux jours, une nuit (en 2015), faisant suite à Simone Signoret, primée pour Les chemins de la haute ville en 1959. Elle serait la quatrième si l'on inclut l'actrice américaine née en France Claudette Colbert (New York-Miami, 1934).

«C'est extraordinaire, je suis très heureuse», a déclaré Isabelle Huppert sur la radio RTL en réaction à sa nomination.

Dans le sulfureux Elle, elle joue une femme d'affaires violée chez elle mais qui au lieu de se laisser aller à la déprime se met à traquer son agresseur, à jouer un jeu érotique avec lui. Ce film de Paul Verhoeven, réalisateur de Basic Instinct et Total Recall, est une adaptation d'un roman de Philippe Djian.

L'actrice de 63 ans, qui avait jusqu'alors gagné tous les prix possibles en France et ailleurs, n'en avait pas beaucoup récolté aux États-Unis. C'est donc la consécration pour cette Meryl Streep à la française, qui dit n'avoir peur de rien au cinéma.

Plus de diversité

Elle fera concurrence pour la statuette à Natalie Portman qui incarne magistralement la veuve du président assassiné John F. Kennedy dans Jackie, Emma Stone qui joue une actrice en devenir qui tombe amoureuse dans La La Land, à Ruth Negga pour Loving, et à Meryl Streep en cantatrice qui chante faux dans Florence Foster Jenkins.

C'est la vingtième nomination aux Oscars Meryl pour Streep, ironie du sort après que le nouveau président américain Donald Trump l'eut traitée d'actrice «surestimée» en réaction à son discours très critique aux Golden Globes.

Après deux ans de polémique sur le manque de diversité de la sélection aux Oscars, l'Académie a cette fois-ci nommé des films où jouent beaucoup d'acteurs afro-américains comme Fences avec Denzel Washington et Viola Davis (nommée dans la catégorie second rôle féminin) ou Moonlight (Mahershala Ali et Naomie Harris sont retenus pour les prix du second rôle masculin et féminin respectivement).

Octavia Spencer, déjà oscarisée pour La couleur des sentiments en 2012, est également candidate à l'Oscar du meilleur second rôle pour Hidden Figures, sur l'aventure de femmes scientifiques afro-américaines lors de la conquête spatiale.

Le Britannique Dev Patel, aux origines indiennes, est quant à lui en lice pour Lion, film bouleversant sur un enfant indien adopté par un couple australien et qui part à la recherche de sa famille biologique.

«Quelle différence peut faire un mot-dièse!», a remarqué sur Twitter Sasha Stone, rédactrice en chef du site Awards Daily, en référence à Oscarssowhite, le «hashtag» qui a enflammé les réseaux sociaux ces deux années passées.

Le dessin animé franco-suisse Ma vie de courgette, poignant récit sur l'enfance maltraitée, ainsi que La tortue rouge, coproduction franco-belgo-japonaise, sont finalistes pour le meilleur film d'animation aux côtés de Kubo et l'armure magique, et deux Disney, Moana et le grand favori Zootopia.

Chez les documentaires, Fuocoammare, par-delà Lampedusa, Ours d'or à la Berlinale, Je ne suis pas votre nègre de Raoul Peck, Life, Animated de Roger Ross Williams, le déjà très primé O.J Made in America et 13th», plaidoyer d'Ava DuVernay contre l'incarcération massive d'Afro-Américains, se livreront bataille.

L'iranien Le client, coproduction française, fait partie des cinq titres retenus pour le meilleur film en langue étrangère, aux côtés de l'allemand Toni Erdmann notamment.