Werner Herzog, Terrence Malick, Wim Wenders, Peter Greenaway: les cinéastes confirmés, habitués des festivals, sont en force cette année à la Berlinale, mais leurs nouveaux film ont été diversement accueillis.

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Werner Herzog, 72 ans, représentant majeur du nouveau cinéma allemand des années 60-70 avec des films comme Aguirre, la colère de Dieu et Fitzcarraldo, a ouvert le feu en présentant au deuxième jour de la Berlinale, Queen of the Desert, en compétition pour l'Ours d'or.

Cette fresque romanesque en anglais sur la vie de l'aventurière britannique Gertrude Bell, avec Nicole Kidman, James Franco et Damian Lewis (Homeland), première fiction réalisée par Werner Herzog depuis six ans, a cependant peiné à convaincre.

Pour le critique de cinéma français Jean-Michel Frodon, ancien directeur des Cahiers du cinéma, «on n'attendait pas pareil ratage de son réalisateur».

«On peut même dire que c'est le premier film sans intérêt qu'il ait jamais réalisé», ajoute-t-il sur son blog.

Ce film épique à la réalisation classique est «plus souvent guindé qu'exaltant» pour le journal américain spécialisé The Hollywood Reporter. Et pour Variety, autre magazine de l'industrie du cinéma, «le scénario se perd dans le désert à un moment donné».

Le magazine Screen, qui note les films en compétition à la Berlinale, lui a donné la note de 1,9, l'une des plus faibles accordées à ce stade à des films en compétition.

«Collage publicitaire»

Autre vétéran du cinéma allemand, de retour à la fiction pour la première fois depuis 2008, Wim Wenders a aussi déçu mardi avec Every Thing Will Be Fine, film hors compétition, qui était très attendu.

Ce mélodrame en 3D sur la culpabilité et le pardon, avec James Franco et Charlotte Gainsbourg est «laborieux», «pesant», «ennuyeux» pour Variety «malgré la nouvelle utilisation de la 3D».

Pour The Hollywood Reporter, le film «ressemble plus à une vitrine pour un exercice de style explorant les limites du cinéma qu'à autre chose».

Mais le journal britannique The Guardian le qualifie de «drame troublant et émouvant», qui «a pour lui sa sincérité».

Autre film attendu à la Berlinale, Knight of Cups de l'Américain Terrence Malick, 71 ans, qui s'est fait connaître dans les années 70 avec Badlands et Days of Heaven, a lui aussi divisé.

Ce long poème filmé sur les dangers de la célébrité, avec Christian Bale, Natalie Portman et Cate Blanchett, présenté en l'absence du cinéaste, est «un interminable collage publicitaire saturé» de musique «pompeuse» pour Jean-Michel Frodon.

«Où est passé l'immense Terrence Malick?», s'interroge de son côté l'hebdomadaire culturel français Télérama, pour qui le film est «un long poème sublime et lourdaud».

Mais pour le quotidien français Libération, «Terrence Malick a fait sensation» avec ce «film lyrique».

En lui attribuant une note de 2,2, Screen le place loin derrière des films moins attendus, comme Ixcanul, le premier film du jeune réalisateur guatémaltèque Jayro Bustamante, qui recueille une note de 3,1.

La nouvelle production du cinéaste britannique Peter Greenaway, 72 ans, semble avoir plus convaincu. Hommage foisonnant et baroque au cinéma, Eisenstein in Guanajuato, sur le séjour au Mexique dans les années 30 du grand réalisateur russe, a été très applaudi lors d'une projection de presse.