Un documentaire poignant sur Nina Simone présenté au festival du film indépendant Sundance voudrait hisser la chanteuse de soul au rang d'égérie de la nouvelle génération de militants pour les droits civiques aux États-Unis.

À partir de vidéos et d'enregistrements inédits, le film biographique, présenté au festival qui a lieu à Park City dans l'Utah jusqu'au 1er février, retrace le parcours de Nina Simone, l'enfant prodige du piano devenue icône du blues, du soul et du jazz et militante passionnée du Black Power dans les années 1960.

Le film, qui contient de longs entretiens avec sa fille ou avec des amis proches, suit également la descente aux enfers de l'artiste entre violences conjugales et troubles bipolaires.

«Elle a été aux prises avec des démons venus l'attaquer de l'extérieur comme de l'intérieur», affirme la réalisatrice Liz Garbus, nommée plusieurs fois aux Oscars notamment en 1998 pour son film The Farm: Angola, USA ou encore le documentaire Killing in the Name (2011).

«Sa vie a reflété l'héritage du racisme en Amérique, mais aussi l'extraordinaire pouvoir d'une voix juste sur l'un des pires héritages de l'histoire».

Après sa séparation d'avec son mari et agent Andrew Stroud, on y suit l'artiste au Liberia au début des années 1970, puis en Suisse et en France où elle espère relancer sa carrière.

C'est la publicité pour le parfum Chanel N°5 qui reprend My Baby Just Cares for Me qui la remet sous les feux de la rampe à la fin des années 1980.

Le documentaire se concentre surtout sur ses jeunes années et la transformation de la chanteuse de jazz en militante des droits civiques, qui tente de s'arracher de l'emprise de son mari violent et agent impitoyable.

On y vibre aux notes de chansons telle que Mississippi Goddam, hommage rendu à 4 enfants noirs tués dans un attentat à la bombe commis dans une église de l'Alabama, à l'époque censurée à la radio.

Pour la réalisatrice, ces titres offrent une résonance particulière aux revendications actuelles des manifestants qui s'élèvent contre les injustices policières faites aux Noirs.

On y voit aussi une Nina Simone, à l'orée de sa mort en 2003 à 70 ans, désillusionnée sur l'efficacité de la lutte contre le racisme et reniant ses titres militants.

«C'est l'un des moments les plus tristes du film parce que nous connaissons tous la place qu'occupent ses chansons aujourd'hui», explique Liz Garbus.

What Happened, Miss Simone? devrait sortir prochainement aux États-Unis sur Netflix.