Alors qu'un litre d'essence coûtait près de 1,50$ pour la deuxième journée consécutive, hier, Daniel Bissonnette avait un tout autre problème sur les bras. Le directeur des ventes du concessionnaire Smart Rive-Sud a le plus grand mal à fournir une clientèle toujours plus nombreuse.

Depuis un an, les ventes de la minuscule voiture ont crû de 50%. En étudiant sa fiche technique, on comprend aisément pourquoi. Elle consomme 5,9 litres de carburant par 100 km en ville, et 4,8 sur l'autoroute. Avec les véhicules hybrides, c'est l'une des plus économiques sur le marché.

«Il n'y en a plus!» s'exclame M. Bissonnette d'entrée de jeu. Son commerce n'a plus que deux ou trois voitures en stock. Les clients qui souhaitent un autre modèle peuvent attendre de quatre à six semaines pour recevoir leur bolide miniature.

Jusqu'à tout récemment, le modèle n'était vendu qu'en Europe et au Canada. Lorsque Mercedes, qui construit la Smart, l'a introduite aux États-Unis, ses cibles de ventes ont été fracassées en quelques semaines à peine. Résultat: les inventaires sont en baisse partout.

«La demande dans ce marché augmente et c'est principalement à cause du prix du carburant», explique le directeur.

Le CAA, qui offre un service-conseil à ceux qui veulent acheter une nouvelle auto, a également remarqué la préoccupation de ses membres pour l'économie d'essence depuis quelques semaines. «Après le prix du véhicule, c'est la deuxième question qu'on nous pose, explique la porte-parole Roxanne Héroux. Par le passé, ce n'était pas ça du tout. On s'intéressait plutôt à la fiabilité du véhicule et ses caractéristiques intérieures.»

Minée par le déclin des ventes de 4X4 énergivores, General Motors a annoncé la fermeture de quatre usines la semaine dernière, dont celle d'Oshawa. Jean-Claude Gravel, qui exploite six concessionnaires GM dans la région de Montréal, fait valoir que ces modèles n'ont jamais été très prisés des Québécois. Mais la clientèle pour ce type de véhicule ne sera guère effrayée par la flambée des prix du carburant.

«Prenons le gars qui achète un gros VUS qui lui coûte 1000$ par mois, explique-t-il. Si ça lui coûte 30$ de plus par semaine pour faire le plein, ça ne va rien changer pour lui. Là où ça change, c'est dans les modèles intermédiaires qui coûtent entre 200$ et 300$ par mois.»

Les ventes de Malibu, par exemple, se sont maintenues dans son commerce. Mais les clients demandent désormais les modèles équipés d'un moteur à quatre cylindres, moins gourmand. «Avant, la moitié des clients achetaient des V6. Aujourd'hui, 75% préfèrent des quatre cylindres.»

Chez Boulevard Dodge Chrysler, les ventes de 4X4 se portent très bien, explique le directeur des ventes, Patrick Saba. Mais les consommateurs favorisent désormais les modèles équipés de moteurs quatre cylindres, comme le Patriot et le Caliber. D'autres camions plus gourmands, surtout les V6, sont délaissés. «Je n'ai pas vendu un Durango en six mois», confie M. Saba.

Le prix de l'essence dans le monde

Paris: 2,94$ le litre

Londres: 2,33$ le litre

Moscou: 0,97$ le litre

New York: 1,16$ le litre

Los Angeles: 1,22$ le litre

Caracas: 0,03$ le litre

Le prix de l'essence ailleurs au Canada

Vancouver: 1,44$ le litre

Calgary: 1,31$ le litre

Toronto: 1,32$ le litre

Fredericton: 1,33$ le litre

Whitehorse: 1,41$ le litre

Halifax: 1,36$ le litre