Accusés de vider assiettes et mangeoires pour remplir les réservoirs de voitures, les États-Unis veulent encore pousser la production d'éthanol, mais à partir d'autres végétaux que le maïs.

Si le Brésil a opté pour la canne à sucre, l'Union européenne pour la betterave, les États-Unis tirent 97% de leur éthanol du maïs, la culture phare du pays, selon l'Association américaine des carburants renouvelables (RFA).

Mais face à des critiques de plus en plus vives et surtout à un prix record du maïs, Washington parie sur des éthanols de deuxième génération, dans l'espoir qu'ils soient moins chers, moins polémiques et surtout permettent de multiplier par plus de cinq la production en quinze ans, par rapport aux 24,6 milliards de litres produits en 2007.

«La solution au problème de l'éthanol de maïs est de produire de l'éthanol à partir de switchgrass ou de copeaux de bois et nous dépensons beaucoup d'argent pour cela», a indiqué fin avril le président George W. Bush.

Cet éthanol dit cellulosique, fabriqué sur la base de cellulose végétale d'abord transformée en sucre, peut être tiré de déchets végétaux, comme la paille ou les copeaux de bois, ou d'herbes, comme la switchgrass (ou «panic raide»), une herbe haute des plaines américaines.

D'après une étude de l'université du Nebraska publiée en janvier, la switchgrass permet d'obtenir 5,4 fois plus d'énergie qu'il est nécessaire pour sa culture et la production du biocarburant, et ce rendement, comparable au maïs, pourrait être encore amélioré.

Face à ces promesses, les États-Unis ont pour objectif de produire 16 milliards de gallons (60 milliards de litres) d'éthanol cellulosique en 2022.

Un calendrier difficilement tenable, alors qu'on est encore dans une phase pilote, selon les analystes.

«Les États-Unis produiront à une échelle commerciale probablement en 2012, mais ensuite il faudra plusieurs années pour atteindre plusieurs milliards de gallons», estime Bill Caesar, consultant chez McKinsey, qui juge l'objectif national «trop ambitieux».

Pour y parvenir, Washington commence à mettre en place une politique généreuse de subventions comme cela a été le cas pour doper l'éthanol de maïs.

Les expérimentations en champs se multiplient: l'Oklahoma vient d'annoncer consacrer 400 hectares à la switchgrass et le Tennessee 300 hectares. Le département à l'Energie a promis plusieurs centaines de millions de dollars à six projets de bio-raffineries de grande échelle et à sept de petite taille. Deux usines de démonstration tournent déjà dans le Wyoming et en Louisiane, d'après la RFA. Et les grands noms de l'énergie et de la chimie, comme dernièrement DuPont, commencent à investir dans ce nouveau filon.