Concepteur d’éclairages, metteur en scène et scénographe, Cédric Delorme-Bouchard a collaboré à environ 300 productions en… 10 ans ! Ce mois-ci, on peut voir deux de ses projets récents à Montréal : Les employés et La nef, respectivement au Théâtre Prospero et à l’Usine C. Portrait d’un artiste polyvalent.

Sur la bannière qui annonce la programmation de l’Usine C, le nom de Cédric Delorme-Bouchard est inscrit en grosses lettres entre ceux de Brigitte Haentjens et d’Angela Konrad. Signe que le concepteur de 31 ans fait désormais partie de la cour des grands. « Ce sont deux femmes que j’admire. C’est très flatteur de me retrouver dans la même saison qu’elles », lance le metteur en scène avec humilité.

Rencontré dans un café du Village, à deux coins de rue de l’Usine C, Cédric Delorme-Bouchard nous parle de son approche « globale » du théâtre. Pour lui, tous les éléments — l’éclairage, le son, la musique, le corps, le texte — font partie d’une même boîte à outils qui lui sert à construire des objets singuliers pour la scène. Diplômé en théâtre et en scénographie de l’UQAM, il est influencé par diverses disciplines, mais son « port d’attache » restera toujours le théâtre : « La liberté de création est immense au théâtre. Pour moi, c’est un point de jonction entre la danse, l’opéra, les arts visuels, etc. »

PHOTO SIMON GAUTHIER, FOURNIE PAR LA COMPAGNIE CHAMBRE NOIRE

Une scène du spectacle Les employés au Théâtre Prospero

Artiste pluridisciplinaire, il aime créer des œuvres qui juxtaposent les formes et multiplient les défis scéniques. Pour en faire jaillir toute la lumière. Au sens propre comme figuré. Il est toujours à la recherche de nouvelles manières de raconter des histoires. Les employés en est un bel exemple. Si la lumière reste au centre de la proposition, elle dialogue avec les autres éléments dramaturgiques — le mouvement des interprètes, le texte d’Olga Ravn, l’enrobage sonore de Simon Gauthier — dans un même souffle.

Transformation majeure

La nef, sa prochaine création avec la musique de Messiaen, sera portée par huit danseurs et quatre pianistes, et produite par la compagnie Ballet Opéra Pantomime, à l’Usine C, où il est artiste en résidence. Le metteur en scène a transformé la salle principale en arène, dominée par un immense autel illuminé.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Cédric Delorme-Bouchard

L’espace vide d’un plateau est mon carré de sable. J’aime m’en servir pour déstabiliser le public. Selon sa place dans la salle, chaque spectateur vivra une expérience différente. On n’aura pas vu une telle configuration à l’Usine C depuis un bout de temps.

Cédric Delorme-Bouchard

Pour lui, l’art sert à nous faire vivre de nouvelles expériences. À la fois humaines, sensorielles et émotionnelles. « Il y a aussi un côté cartésien dans l’art, dit le jeune homme qui a aussi étudié en sciences pures. Quand je prépare un spectacle, je dois souvent prendre des décisions très rationnelles en répétition. C’est très concret, un plateau. Tu vois tout de suite si un élément fonctionne ou pas. »

Cédric Delorme-Bouchard aime « la distance » du théâtre par rapport au monde réel. « J’ai un intérêt pour tout ce qui est sacré et invisible. Mystérieux. Le théâtre me permet de m’évader dans un autre univers. Entre utopie et dystopie. Comme dans les tragédies grecques, où les protagonistes ont besoin de mettre à distance le monde pour mieux interpréter ses mystères. »

À travers ses œuvres, Cédric Delorme-Bouchard explore les horizons lumineux et infinis du théâtre. Et nous invite à penser au-delà du réel.

Les employés. Jusqu’au 6 mai, dans la grande salle du Théâtre Prospero.

La nef. À l’Usine C les 12, 13, 16 et 17 mai ; le 16 juillet au festival Orford Musique, dans une mouture revue pour le lieu.

Consultez le site du Théâtre Prospero Consultez le site de l’Usine C