Olivier Kemeid a dévoilé lundi soir la programmation de la saison 2023-2024 du Quat’Sous. Sa dernière à titre de codirecteur général et directeur artistique de cette institution phare de l’art dramatique au Québec.

Sur le thème de la transition, du passage du temps, cette prochaine saison est fort prometteuse. Le Quat’Sous propose la vision d’auteurs phares de la littérature et du théâtre au Québec, comme Catherine Mavrikakis, Hervé Bouchard et Olivier Choinière. Et aussi, l’adaptation d’une œuvre de l’autrice biélorusse Svetlana Alexievitch, récipiendaire du prix Nobel 2015. Sans oublier une création de Kemeid pour boucler son mandat.

« Beaucoup de pièces parlent de la fin d’un monde et du début d’un nouveau, résume Kemeid. J’ai donc voulu articuler ma dernière saison autour des notions du passage et du basculement. À mon avis, le théâtre représente un tiret entre l’avant et l’après, un lien entre le passé et le présent », explique le directeur artistique en entrevue avec La Presse.

Hommage à Brassard

La saison s’ouvre avec La dernière cassette, d’Olivier Choinière. Un « seul en scène » avec la merveilleuse Violette Chauveau, qui rend hommage à André Brassard. Choinière s’est inspiré de La dernière bande de Samuel Beckett et du monologue de Krapp pour son texte : « AB, un vieil homme handicapé qui vit seul dans un appartement encombré de souvenirs et de déchets, réécoute des enregistrements réalisés au cours de sa vie, cherchant à saisir le tournant de son existence. Avant de procéder à l’enregistrement de l’ultime cassette », résume le communiqué. Du 5 au 30 septembre.

Suivra, mi-octobre, sous la direction de Christian Lapointe, Parents et amis sont invités à y assister, d’Hervé Bouchard, « une polyphonie tissée de monologues entrecroisés qui se situe à mi-chemin entre le récit, le poème, le roman et le théâtre ».

Je souhaitais présenter une œuvre d’Hervé Bouchard depuis mon arrivée au Quat’Sous. Son univers est singulier ; sa langue, extraordinaire et baroque.

Olivier Kemeid

La parole de Catherine Mavrikakis

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

L’œuvre de l’autrice Catherine Mavrikakis fait aussi l’objet d’un spectacle.

À la mi-janvier, le Quat’Sous inaugurera 2024 avec une création attendue, Le ciel est une belle ordure, qui s’articule autour de quatre voix féminines tirées d’autant de romans signés Catherine Mavrikakis. Pierre-Yves Lemieux et Luce Pelletier signent respectivement l’adaptation et la mise en scène de cette production de l’Opsis. Avec Sylvie De Morais-Nogueira, Sophie Faucher, Catherine Proulx-Lemay, Isabelle Vincent, Lou Vincent Desrosiers…

Dès le 27 février, Catherine De Léan s’attaquera à La fin de l’homme rouge, d’après l’œuvre de Svetlana Alexievitch sur l’effondrement de l’URSS, qui rend compte des bouleversements entraînés par le démantèlement du régime soviétique en 1990. Avec Laurence Dauphinais, Vitali Makarov, Dominique Quesnel et Cha Raoutenfeld.

En avril, pour souligner la fin de sa saison et aussi d’un cycle professionnel, Olivier Kemeid dirigera son nouveau texte, La vengeance et l’oubli. Une pièce sur la mort du père, librement inspirée de la tragédie d’Hamlet. Avec, entre autres, Gabriel Lemire, Sasha Samar et Mireille Naggar.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, LA PRESSE

Au printemps 2024, le comédien Gabriel Lemire (qu’on peut voir présentement chez Duceppe dans Projet Riopelle) sera de la distribution de la pièce La vengeance et l’oubli.

Olivier Kemeid est arrivé à la barre du théâtre de l’avenue des Pins en 2016, succédant à Éric Jean. Il quitte son poste après sept ans et sur un bilan positif, malgré quelques « inquiétudes » concernant le soutien à la création théâtrale par les autorités publiques et… les médias. Désormais, l’homme de théâtre veut prendre plus de temps pour se consacrer à ses activités d’auteur et de metteur en scène.

Le Quat’Sous annoncera en juin le nom de la personne qui lui succédera l’automne prochain à la direction de la compagnie.

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À suivre

PHOTO WILLIAM ARCAND, FOURNIE PAR L’ESPACE GO

L’interprète Larissa Corriveau est au cœur du spectacle L’écoute d’une émotion.

L’écoute d’une émotion

Dans un studio de radio, une animatrice (interprétée par Larrissa Corriveau) s’apprête à prendre le micro pour raconter le souvenir d’une passion vécue avec un homme que tout semblait opposer à elle. Voici la prémisse de la pièce L’écoute d’une émotion, dont le texte et la mise en scène sont signés par Marie-Laurence Rancourt. Un monologue qui se veut une réflexion sur le désir et sur notre rapport parfois trop raisonnable à celui-ci.

À l’Espace Go, du 9 au 20 mai

Stéphanie Morin, La Presse

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Jamais Lu

PHOTO ULYSSE LEMERISE, ARCHIVES LA PRESSE

L’artiste dénée Nahka Bertrand est l’initiatrice du spectacle Tiohtià : ké : cartographie de récits autochtones

Le Festival du Jamais Lu, qui laisse entendre les textes nouveaux avant que ceux-ci prennent le chemin de la scène, s’ouvre vendredi avec la présentation du spectacle Tiohtià : ké : cartographie de récits autochtones. Six interprètes, dont Nahka Bertrand, Jocelyn Sioui et Kathia Rock, sonderont le passé immatériel de Tiohtià : ké (Montréal) pour en faire émerger des récits poétiques inspirés de leur interprétation des faits historiques. Pas moins de 24 autres projets seront présentés dans le cadre du festival, portant la parole de 40 auteurs et autrices du Québec et de la francophonie.

Au Théâtre Aux Écuries, du 5 au 13 mai

Stéphanie Morin, La Presse

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Voie de contournement

PHOTO FRANÇOIS MORIN, FOURNIE PAR LE THÉÂTRE BISTOURI

Marc St-Martin et Marie-Evelyne Baribeau (ici en répétition) partagent la scène dans Voie de contournement.

Une courte pièce, une bière et une bouchée, pour le prix dérisoire de 20 $… La Licorne reprend sa populaire formule de 5 à 7, avec la présentation, dans la salle de répétition, de la pièce Voie de contournement, de l’Écossaise Anita Vettesse. Marc St-Martin et Marie-Evelyne Baribeau partagent la scène dans cette comédie dramatique traduite et mise en scène par Marc-André Thibault. Le synopsis laisse présager quelques remous : « Lisa a 40 ans et veut un enfant. Son conjoint est infertile. Mais pas Marc, le beau-frère. Marc aime bien Lisa. Le temps est compté… »

À La Licorne, du 2 au 26 mai

Stéphanie Morin, La Presse

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Le partage

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Emmanuel Schwartz poursuit sa réflexion sur la mise en abyme au théâtre avec Le partage.

Emmanuel Schwartz s’offre une réflexion sur les très populaires genres théâtraux que sont aujourd’hui l’autofiction et l’autobiographie avec sa nouvelle création (toujours en construction) intitulée Le partage. Sur la scène de La Chapelle, le prolifique comédien signe texte, mise en scène et interprétation de ce « solo pour saboteur » dans lequel il souhaite pousser plus avant la mise en abyme au théâtre.

À La Chapelle, jusqu’au 9 mai. Les représentations sont en français, mais avec surtitres anglais les 4, 5 et 8 mai.

Stéphanie Morin, La Presse

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Little Willy

IMAGE FOURNIE PAR LE THÉÂTRE CENTAUR

Les personnages fétiches du marionnettiste canadien Ronnie Burkett sont de retour… pour le meilleur et pour le pire.

L’irrévérencieux marionnettiste canadien Ronnie Burkett est de retour à Montréal avec un nouveau spectacle inspiré de Roméo et Juliette, intitulé Little Willy. Ses personnages fétiches sont convoqués autour de la figure du Barde lui-même, dont l’étoile du burlesque Dolly Wiggler (qui offrira un numéro d’effeuillage élisabéthain pour l’occasion) et la diva flétrie Esmé Massengill. Les amoureux les plus célèbres de la dramaturgie risquent d’en prendre pour leur rhume ! Ce spectacle destiné aux 16 ans et plus est présenté en anglais seulement.

Au théâtre Le Centaur, du 2 au 14 mai

Stéphanie Morin, La Presse

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