J'aime Hydro poursuit sa belle route, son auteure aussi. On peut la voir dans Hubert et Fanny  à la télé, mais encore trois fois sur scène ce printemps au Québec dans Nyotaimori, J'aime Hydro et La vie utile.

Son père l'appelait la Cric. Ses amies à l'école aussi. Maintenant, c'est le Québec en entier qui la surnomme affectueusement la Cric! J'aime Hydro, c'est une histoire d'amour. Le Québec aime Christine Beaulieu.

La comédienne de Hubert et Fanny (à la télévision) et de Nyotaimori (au théâtre) n'est pas du genre à s'enfler le ciboulot ou à flotter sur un nuage pour autant. Elle garde les deux pieds sur terre. Mais le coeur battant, débordant de reconnaissance pour le succès populaire et critique de J'aime Hydro (Prix de l'Association québécoise des critiques de théâtre et prix Michel-Tremblay).

«C'est plus de trois ans de ma vie, ça représente beaucoup, beaucoup de travail. Rencontrer et travailler avec Annabel Soutar a tout changé pour moi. Je lui en serai toujours reconnaissante.»

Le succès de J'aime Hydro a changé sa vie. La candide et curieuse Christine Beaulieu, qu'on voit dans la pièce, existe toujours, mais elle s'est transformée. Tout le Québec l'a vue éclore sur scène et dans la vie.

«Ça me fait tout drôle quand les gens me parlent dans la rue après avoir vu le show parce que, pour une fois, c'est bien de moi qu'il s'agit. Ce n'est pas un personnage. Bon, c'est un personnage, mais totalement basé sur moi. C'est très touchant.»

Quatre pièces en quatre mois

La tournée de la pièce de théâtre documentaire reprendra après Nyotaimori et continuera jusqu'en 2019. Christine Beaulieu ne s'en lasse pas.

« C'est toujours un plaisir puisque la pièce est encore meilleure en ce moment. J'ajoute des trucs à la fin ayant rapport à l'actualité. J'ai demandé à ma gang, et tout le monde adore faire J'aime Hydro. C'est un trip de groupe.»

Dire qu'elle est très occupée relève de la litote. Elle joue quatre pièces en quatre mois: Nyotaimori, J'aime Hydro, La fureur de ce que je pense et La vie utile, nouveau texte d'Evelyne de la Chenelière mis en scène par Marie Brassard. 

«Que Marie Brassard me rappelle, c'est un cadeau du ciel. Elle aussi est très importante pour moi comme artiste. J'aime sa façon de travailler, de chercher. Avec elle, c'est cent fois sur le métier... J'aime le fait qu'elle prenne le temps de bien faire les choses.»

La metteuse en scène et la comédienne se retrouveront aussi dans La fureur de ce que je pense, à partir des textes de Nelly Arcan, en avril à Madrid.

Hydrophile

Reste que c'est le phénomène social J'aime Hydro qui ponctue sa vie de tous les jours. Sur scène et dans la rue.

«C'est plein partout où on va jouer au Québec. Le public est extraordinaire. Il en redemande. Il y a des endroits où on va d'ailleurs retourner. Les gens rient, applaudissent lors de certains passages.»

«J'aime Hydro répond au besoin du public qui est de comprendre. Je me sens privilégiée. C'est tellement beau, la réaction du public, des médias.»

Art engagé, le théâtre documentaire permet aux artisans du spectacle et au public d'entreprendre un dialogue à propos d'un sujet délicat. L'engagement n'est pas un mot qui fait peur à la comédienne. Elle s'intéresse à d'autres sujets méritant un tel travail d'enquête.

«Ce n'est pas encore un projet, mais je pense aux femmes autochtones disparues ou assassinées. J'aurais le goût de faire comme Annabel [Soutar] et de servir de guide pour une telle oeuvre qui pourrait se faire par la relève.»

Nyotaimori

Pour l'instant, tout ce qu'il y a de plus présent et de pressant, c'est Nyotaimori, de la dramaturge Sarah Berthiaume, qui l'occupe pleinement.

«Ça me fait du bien de n'être qu'interprète, de ne pas avoir à m'occuper du texte ou de la production. C'est presque reposant. Mais c'est aussi une pièce extraordinaire sur un sujet d'actualité.»

Le texte n'est pas dénué d'humour, mais il propose surtout une réflexion sur la mondialisation et le monde du travail.

«Le texte de Sarah m'a tout de suite séduite. Elle m'a dit, d'ailleurs, que j'avais saisi instinctivement le sens des mots. Je les ai faits miens tout naturellement. C'est précieux, une telle entente pour jouer sur scène. C'est un vrai plaisir.»

On peut la voir dans Nyotaimori  au Théâtre d'Aujourd'hui jusqu'au 3 février, puis dans La vie utile à l'Espace Go du 24 avril au 31 mai. La tournée de son spectacle J'aime Hydro se poursuit.

On peut aussi la voir à la télé dans Hubert et Fanny, les mardis à 21 h sur ICI Radio-Canada Télé.

Photo Valérie Remise, fournie par le Théâtre d’Aujourd’hui

Christine Beaulieu dans la pièce Nyotaimori, de Sarah Berthiaume