La saison 2015-2016 marque la dernière programmation de Jack Udashkin à La Chapelle - scènes contemporaines. Une programmation hétéroclite comme les aime celui qui prend une retraite bien méritée à la suite d'une carrière de près de 40 ans basée sur la confiance envers les artistes.

Après huit ans à la tête de La Chapelle, Jack Udashkin laisse un théâtre en bonne santé financière, mais ce qui est plus important à ses yeux, dans une forme artistique exemplaire, au coeur d'une nouvelle vague québécoise en danse et en théâtre.

«En arrivant à La Chapelle en 2007, j'avais un peu peur, mais j'ai découvert plein de jeunes artistes radicaux, rebelles et professionnels en même temps. Ils ont un talent incroyable. Leur temps est venu. Je voulais que La Chapelle devienne leur maison.»

Sa recette? Travailler par intuition et prendre des décisions rapidement. Il dit savoir ce que va coûter un spectacle très vite et peut ainsi équilibrer le budget. Mais ce qui l'intéresse, ce n'est pas tant la tête d'affiche du spectacle, la pièce ou la chorégraphie, mais l'artiste lui-même. La rencontre avec l'artiste.

«J'ai dirigé une équipe qui adorait les artistes. Nous ne les avons jamais pris de haut. Nous étions là pour une seule raison, les soutenir. C'était notre seule raison d'être. Et les artistes se sentaient chez eux chez nous.»

À l'ère où le marketing triomphe, l'ancien du Centre national des arts et de plusieurs festivals a toujours privilégié l'approche humaine. Lui qui a été dans l'orbite des grands - Gilles Maheu, Robert Lepage, Marie Chouinard, Édouard Lock - croit qu'il faut faire confiance aux artistes.

«Depuis les années 80, tout est tellement marketing et consommation. Cette façon de voir le monde ne m'intéresse pas du tout. Il ne faut pas livrer aux gens ce qu'ils veulent, mais ce dont ils ne savent pas avoir besoin.»

En huit ans à La Chapelle, il a donc vu aux premiers pas de Christian Lapointe, Andréane Leclerc, Clara Furey, Catherine Gaudet, Virginie Brunelle, Mani Soleymanlou.

«Juste programmer des vedettes ou des valeurs sûres, je trouve ça ennuyant. Les moments forts de ma carrière ont été avec des artistes pas connus et de les aider à grandir dans leur métier pour éventuellement devenir des vedettes. Travailler avec le Belge Jan Fabre, qui était complètement inconnu, et de remplir les salles, c'était merveilleux. Cela me nourrit.»

2015-2016

À 66 ans, Jack Udashkin a donc préparé une dernière programmation métissée: découvertes, artistes émergents et quelques-uns plus connus.

Au programme cette année, un festival Grand Cru pour lancer la saison du 8 septembre au 3 octobre. Six soirées de petites formes, quelques-unes sortant de résidences de création, mettant en vedette Andréane Leclerc, Jocelyn Pelletier, Cyril Assathiany et Clara Furey, notamment.

Cette dernière présentera aussi en octobre Untied Tales (The Vanished Power of the Usual Reign) avec Peter Jasko. Après Peep Show l'an dernier, Nicolas Berzi retournera à La Chapelle en novembre avec Héroïne(s).

En décembre, Patrick Lacharité mettra en scène un texte de Sébastien Tessier, Ma tête est une ruche, et il jouera ensuite en mars dans Cake d'Audrey Rochette.

En janvier 2016, Sophie Cadieux sera de 4.48 Psychose, un texte de la Britannique Sarah Kane. Puis, deuxième présence en saison de la chorégraphe Daina Ashbee en avril 2016 avec son spectacle solo intitulé Pour.

Le successeur de Jack Udashkin, le Français Olivier Bertrand, directeur artistique par intérim au Théâtre de la Cité internationale à Paris, entrera en poste un peu plus tard cet automne.