Ils jouent la comédie dans la province tout en savourant les plaisirs de l'été. Chaque semaine, La Presse propose un questionnaire avec un acteur de théâtre d'été, photographié à La Ronde. Voici le quatrième article d'une série de neuf.

Le comédien Serge Postigo passe l'été au Théâtre de Rougemont où il joue dans la pièce L'invité, popularisée par le film du même nom qui mettait en vedette Daniel Auteuil, Valérie Lemercier et Thierry Lhermitte. À l'automne, il travaillera à l'adaptation de la comédie musicale Mary Poppins, qui sera présentée l'été prochain.

Serge, on ne vous a pas souvent vu dans les théâtres d'été...

C'est vrai. Avec les tournages et mes projets de mises en scène, je suis souvent pris l'été. Ça fait 23 ans que je suis sorti de l'École nationale et ce n'est que la troisième fois que je vais jouer au théâtre à l'extérieur de Montréal.

Qu'est-ce qui vous a convaincu d'embarquer dans ce projet?

J'ai rencontré l'auteur français de la pièce David Pharao il y a quelques années et on est devenus amis. Quand Jean-Bernard Hébert m'a proposé de jouer à Rougemont avec ma blonde [la comédienne Karine Belly], j'ai tout de suite pensé à ce texte, qui est vraiment très bon.

On connaît la pièce grâce au film sorti en 2007, qu'est-ce qui vous a donné envie de l'adapter et de jouer dedans?

J'aime beaucoup l'humour de cette pièce. On ne va pas se claquer les cuisses, personne ne fera d'arrêt cardiaque, mais on rit d'un humour plus fin. Dès qu'un personnage essaie d'être autre chose que ce qu'il est, c'est à mourir de rire. C'est le principe du Bourgeois gentilhomme.

Votre personnage s'apprête à recevoir son nouvel employeur à souper, mais il se fait conseiller par un voisin, qui est un gourou des communications. Comment vous êtes-vous préparé à interpréter ce rôle?

Le fait d'avoir adapté la pièce a fait en sorte que je la connais maintenant très bien, ça m'a aidé à capter la valeur et la substance de la pièce. Le défi pour moi dans le rôle de ce personnage un peu misanthrope (par peur de l'autre), c'est de ne pas être antipathique. Il pourrait facilement devenir hargneux et ça, c'est le piège à éviter.

Quel est votre plus beau souvenir d'été?

J'en ai plusieurs. Mais je me souviens bien de l'été 1999, où j'ai fait Grease avec Marina [Orsini]. Pour les acteurs, c'était extrêmement enivrant! On répétait dans une école primaire, où on chantait et on dansait toute la journée. Je me souviens aussi d'un été (en 2011) où j'ai passé une dizaine de jours en bateau avec ma blonde [au lac Taureau]. C'était extraordinaire.

Quelle musique écoutez-vous l'été?

Moi, j'associe des musiques à des moments marquants. Comme lorsque j'étais en bateau j'écoutais beaucoup Ben l'Oncle Soul, donc maintenant, en bateau, j'écoute toujours ça. En vieillissant, je trouve qu'on arrête d'écouter de la nouvelle musique. Mais j'ai découvert une application [Songza] qui propose des listes d'écoute en fonction de l'heure et de la situation dans laquelle on se trouve: le matin, au travail, en voiture, au resto, etc. Ça me permet de faire de belles découvertes.

Parlez-moi de vos lectures d'été.

Je lis beaucoup de théâtre l'été, mais mon projet en ce moment, pour encourager mon garçon Thomas, qui a 13 ans, c'est de lire le même livre que lui et d'en discuter par la suite. On va lire les romans de la série Bine écrite par Daniel Brouillette. Le personnage dit souvent des gros mots, il n'aime pas son prof, donc c'est assez drôle. Une lecture qui m'a aussi marqué à l'époque c'est L'alchimiste, de Paulo Coelho. Je l'ai lu en rentrant de la Floride dans un vieux camion Dodge que je devais laisser refroidir toutes les deux heures parce que le moteur chauffait.

Quel est votre drink d'été?

Ah, c'est mon côté français, mais je dois répondre du pastis. Je viens d'Agen, du midi de la France, donc ça peut paraître cliché, mais les étés pour moi, c'est un peu la pétanque et le pastis. Dans mon bateau, j'ai une seule bouteille d'alcool et c'est du pastis.

Parlez-moi de la comédie musicale Mary Poppins. On vous a proposé d'adapter cette pièce qui sera présentée l'été prochain. Qu'est-ce qui vous a attiré dans ce projet?

Ce qui m'attire, c'est le contraste. C'est cette ville de Londres du début de l'ère industrielle, en 1910, où se côtoient la bourgeoisie de la famille Banks et la pauvreté extrême tout autour, représentée entre autres par le ramoneur Bert. Mary Poppins, qui est engagée comme nounou, vient réconcilier cette famille, qui est malheureuse. Elle vient la ressouder. J'ai l'intention de montrer les deux réalités de cette vie londonienne. On va commencer les auditions à l'automne.

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L'invité au Théâtre de Rougemont, jusqu'au 22 août.