Depuis sa sortie du Conservatoire en 2004, Marie-Ève Perron se partage entre le Québec et la France, où elle vit depuis plus de cinq ans. La comédienne qui a joué en Europe dans Forêts et Littoral de Wajdi Mouawad est à Montréal pour interpréter son deuxième spectacle solo: Gars.

Elle a joué pendant cinq ans dans la pièce Forêts de Wajdi Mouawad. Mais aussi dans Littoral et la tétralogie Le sang des promesses. À la télé, elle a joué le personnage de Lyne-la-pas-fine dans la version française des Invincibles - Cathy-la-casse-couilles. Mais entre ses tournées européennes, la comédienne s'est mise à l'écriture. Sa première pièce, Marion fait maison, une courte forme de 20 minutes, a été présentée aux Contes urbains il y a quatre ans.

«La version présentée aux Contes urbains s'appelait La soirée de la dinde, précise Marie-Ève Perron, qui y interprétait seule les 15 personnages. Marion fait maison est un peu plus longue, mais c'est la même histoire qui dénonce les diktats de la beauté.» Au cours d'une soirée organisée par Marion pendant le temps des Fêtes, une équipe de télé débarque chez elle pour lui annoncer qu'elle est la grande gagnante de la «métamorphose de l'année».

Ce premier texte qu'elle a signé en 2008, qui sera d'ailleurs présenté le 14 avril prochain au festival Vue sur la relève, lui a donné le goût de poursuivre ses projets d'écriture.

Gars est né d'une réflexion sur l'engagement amoureux. «Comment aime-t-on aujourd'hui? demande Marie-Ève Perron. On vit une époque de grand cynisme, où l'on entend constamment dire qu'après trois ans la passion s'éteint, qu'à sept ans c'est l'enfer... Le fait est qu'aujourd'hui, nous n'avons plus de modèle. Mais en dépit de ces difficultés d'engagement, on continue de croire en l'amour. On continue d'espérer.»

La comédienne considère Gars comme un véritable échange avec le public. «On ne prend plus le temps de s'asseoir et de réfléchir à ça. De prendre du recul. Dans Gars, j'avais envie de prendre ce temps-là.» Nous sommes donc en présence de «Fille», son personnage sans nom qui vient de vivre une rupture amoureuse. On ne sait pas si cette rupture est temporaire ou définitive, mais à la fin, on devrait pouvoir se faire une idée...

«Mon personnage rencontre plusieurs personnes sur son chemin. Des gens qui ont tous un discours différent. Elle tente de se positionner par rapport à chacun. ''Ravale ton cri, lui dit quelqu'un, il va revenir s'il est à toi.'' Je remets en question ces affirmations. Est-ce que je crois vraiment à ça? On est constamment dans la tête de Fille. Le décor [conçu par Geneviève Lizotte] est onirique et décalé et tient plus de l'installation.»

Vrai que tout le monde a une opinion sur les rapports amoureux de son voisin, de son collègue, de sa soeur et de sa cousine. Il y a les lucides. Et puis il y a les romantiques. Qui faut-il écouter? «C'est exactement l'équilibre que je cherche à trouver dans la pièce, répond Marie-Ève Perron. Tout le monde a sa vérité, et d'une certaine manière tout le monde a raison parce que tout se peut. Je crois qu'il faut être romantique et lucide.»

Intéressant... On aurait bien aimé avoir le point de vue du «gars» en question. Faudra peut-être attendre la suite...

D'autres projets

Marie-Ève Perron ne manque pas de projets. En plus de promener ses deux spectacles Marion et Gars, qu'elle présentera notamment au Festival Mithos à Rennes, en France (en avril), elle a coécrit une série télé avec Lili Thibaut: France-Kbec. Il s'agit de 10 épisodes de 26 minutes réalisés par Jonathan Cohen, qui seront diffusés par la chaîne Orange. Le tournage devrait débuter au mois de septembre.

«C'est l'histoire d'une Québécoise qui a refait sa vie en France, mais en reniant totalement ses origines québécoises, détaille Marie-Ève Perron. Tout ce monde qu'elle s'est construit est menacé lorsqu'une de ses amies d'enfance débarque chez elle. C'est une comédie absurde.» Y a-t-il un rapprochement à faire avec ce que vit la comédienne? «Pas du tout, répond-elle. Même si je vis en France, j'ai toujours gardé mon accent québécois! Je ne suis pas dans cette logique-là.»

Marie-Ève Perron vient également d'écrire une autre pièce baptisée Good Girl. «On y suit le parcours de plusieurs femmes qui sont peut-être la même après tout, mais à différents moments, et qui se questionnent sur la réalisation de soi aujourd'hui. Est-ce que lorsqu'on veut, on peut vraiment? C'est une pièce construite sous forme de tableaux. J'aimerais bien la monter. Que ce soit ici ou en France.»

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Au Théâtre d'Aujourd'hui, du 19 mars au 6 avril.