Un classique du théâtre présenté au cabaret Lion d'or? L'intrigante proposition vient de la Compagnie de la Lettre 5. Pour sa première sortie publique, elle monte Le malade imaginaire de Molière. Sans verser dans le grotesque et avec projections vidéo. Entrevue avec le metteur en scène René Migliaccio.

Q : Qu'est-ce qui vous a amené à vous intéresser au Malade imaginaire de Molière?

R : Son écriture est magistrale, les thèmes véhiculés chez lui au plan social, politique et humain sont très forts. (...) C'est très farce et très comédie, en même temps, il y a cette tragédie personnelle qu'il vivait puisqu'il était malade. C'était la fin de sa vie et son retour aux origines de son théâtre.

Q : En quoi cette production sera-t-elle multimédia?

R : En plus de la scène principale jouée par les acteurs, il y aura en arrière-plan une projection vidéo qui représentera le point de vue du personnage principal, Argan. Ce sera comme si on voyait aussi toute la pièce du point de vue du malade imaginaire lui-même. L'image de la projection en direct sera en noir et blanc et elle sera un peu travaillée, ce qui fait qu'on entrera dans un point de vue plus subjectif et plus expressionniste que la réalité de la scène elle-même.

Q : On a souvent l'impression que le propos de Molière est compris, mais qu'en doser l'humour est difficile...

R : L'écriture de Molière, c'est un peu comme du Charlie Chaplin. Les thèmes sont profondément dramatiques, voire tragiques, mais ils sont mis dans une écriture comique. On rit du comportement humain, mais ce rire sur le comportement humain est aussi une réflexion sur ce qui se passe en nous. Notre première préoccupation a été de trouver l'humour et la physicalité. Avec le jeu des personnages masqués et non masqués de la commedia dell'arte, ou dans le côté plus éclaté sur le plan physique, je pense qu'il y a énormément de moments pour ça. C'est une écriture subtile, la commedia dell'arte. C'est basé sur des réalités humaines extrêmement profondes. On pourrait la traiter de manière superficielle, en ne songeant qu'aux rires qu'on pourrait soulever. Moi, je suis plus préoccupé par la peinture de caractère sur les plans psychologique et émotionnel.

Q : Votre technique de jeu baptisé «réalisme expressionniste» est inspirée de l'expressionnisme allemand et de l'art japonais. Que doit-elle aux Japonais?

R : L'idée de la juxtaposition du mouvement et de l'immobilité. On est devant des moments tableaux. On voit des images extrêmement précises dans le mouvement, qui donnent l'impression d'une fixité même si l'acteur ne s'arrête pas pour marquer le temps. [...] L'influence de l'art japonais se trouve aussi dans la précision des lignes.

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Le malade imaginaire, les 7, 14 et 21 août au cabaret Lion d'or.