Depuis six ans qu'ils nous offrent ces sympathiques soirées d'impro-performance, inspirées de l'émission américaine Whose Line Is It Anyway? (animée par Drew Carey).

Une fois par mois, Laurent Paquin, Simon Boudreault, Nicolas Pinson, Daniel Malenfant et Éric Desranleau sautent dans l'arène pour participer à une dizaine de nouveaux jeux comiques.

Animateur de ces rencontres improvisées, Nicolas Pinson en révèle le moins possible à ses coéquipiers. «Pour que les comédiens ne puissent pas se préparer», dit-il. C'est lui qui choisit les jeux. Et qui dicte les règles. Avec l'aide du public.

Exemple: le jeu du Tour du chapeau. L'animateur commence. «Quels sont les pires slogans de...», puis s'adresse au public, qui complète la phrase par ce qu'il veut (Chrysler, Nutella, le ministère des Transports, etc.). Les comédiens improvisent la suite.

Autre jeu: une parodie de l'émission America's Got Talent. Sauf que les juges font leurs commentaires d'abord. Et que les comédiens construisent leurs numéros à partir de ces remarques!

Il y aussi La valse à quatre temps. L'animateur choisit deux comédiens et leur demande d'improviser sur le thème du recyclage. Le duo doit ensuite refaire trois fois l'exercice, mais sur un thème proposé par le public. Exemple: à la manière de Hitchcock.

Et ainsi de suite. Détecteur de mensonges, Musicographie, Impulsion verbale, les Improductifs ont une banque d'une centaine de ces jeux. Mais chaque fois, et c'est là le grand intérêt de ces joutes théâtrales, le public a son mot à dire.

À l'entraînement

La Presse a assisté à une répétition vendredi dernier, et le résultat est franchement étonnant. Surtout que pour inaugurer sa 7e saison, ce soir, la bande des cinq a invité trois improvisateurs chevronnés: Réal Bossé, Sylvie Moreau et Marie-Hélène Thibault.

Malgré leurs faits d'armes passés, les trois comédiens écoutent attentivement les consignes des Improductifs. Regrettent-ils d'avoir accepté? À leur mine inquiète, on pourrait le croire.

Daniel Malenfant leur rappelle les règles: «Il n'y a pas de durée, pas de caucus, il faut respecter les handicaps qu'on nous impose. La meilleure façon de se péter la gueule est de ne pas jouer le jeu.» C'est dit.

Après quelques exercices d'échauffement, les trois invités donnent leur pleine mesure. Avec les Improductifs, la mayonnaise prend. Et les quelques observateurs présents dans la salle de répétition croulent de rire.

«Ça donne des shows qui sont explosifs, confie Nicolas Pinson. Les comédiens sont vraiment sur l'adrénaline. Le public leur donne une énergie extraordinaire. Ils sont vraiment sur la corde raide.»

Comme pour toute performance improvisée, on devine que les numéros peuvent être inégaux. Certains doivent nécessairement tomber à plat. Mais, rappelle l'animateur, «le public apprécie l'effort du comédien qui se dépatouille là-dedans.»

Laurent Paquin fait partie de l'équipe depuis le début de cette aventure. L'humoriste a toujours participé à des performances d'impro. Notamment avec la LNI. «Je suis un gars de gang, j'ai besoin de jouer avec les autres. Je crois que ça nourrit mon travail d'humoriste.»

Il se souvient d'une commande particulièrement difficile. Le thème du jeu était: une agence de rencontres. Le public devait choisir un personnage et une caractéristique. Le comédien devait improviser la suite. Exemple: Elvis paranoïaque. Sauf que le public lui a imposé le personnage d'un orignal, fétichiste des papillons...

Sa performance était, dit-on, jouissive. Comme cette première des Improductifs, qui s'annonce tout sauf banale.

Première ce soir à 20h au Petit Campus. Puis, tous les premiers mardis du mois jusqu'à juin 2012.