La nouvelle création du Carrousel est de fort jolie facture. La mise en scène construite autour des dessins de Michèle Lemieux, projetés sur la scène, est habile et astucieuse, et crée des tableaux d'une grande beauté et d'une grande poésie.

Le défi était grand - et non sans risque - pour porter à la scène cet album imagé réalisé en 1996, puis adapté en 2003 par l'ONF dans un film d'animation, qui a remporté de nombreux prix. Une entreprise risquée parce qu'il s'agit d'une proposition tellement visuelle que même la magie du théâtre ne parvient pas toujours à en rendre le sujet accessible.

Une jeune fille, qu'on voit seule dans sa chambre, est confrontée à ses peurs et à ses questionnements. Pour tout décor, il y a donc un lit simple et un petit chien en peluche, Fido, confident de cet enfant qui s'interroge sur la vie, l'amour, la mort.

Qui suis-je? D'où viens-je? La vie existe-t-elle sur d'autres planètes? Et si parmi nous se trouvait un extraterrestre? Est-ce que je suis belle? Est-ce qu'on va un jour m'abandonner? Où va-t-on quand on meurt? Il n'est jamais trop tôt pour se poser toutes ces questions qui nous habitent finalement toute notre vie.

Pendant toute une nuit, donc, la fillette en question, interprétée avec beaucoup de générosité par Émilie Lévesque, se bombardera de questions. Avec tout un cortège de personnages fantasques qui prend forme - grâce aux manipulations de Ludger Côté -, et qui traduit bien l'imagination de cet enfant.

Je reviens sur la scénographie, très belle, où les dessins en noir et blanc de l'artiste sont projetés sur une immense toile transparente qui sert également d'écran, permettant ainsi de faire des superpositions d'images avec la comédienne, qui joue derrière.

Seule ombre au tableau: ces courtes phrases (le plus souvent sous forme de questions), ponctuées de longs silences, qui invitent presque à la méditation ou au recueillement, s'avèrent plus ou moins efficaces auprès du jeune public, qui cherche à s'accrocher à une trame narrative absente. Résultat: un peu comme au musée, ils grappillent ici et là des fragments d'images, sans en saisir toute la portée.

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Nuit d'orage à la Maison Théâtre jusqu'au 28 novembre. Pour les enfants de 5 à 9 ans.