La boule dans le ventre qui force une personne à changer de métier, à larguer son amoureux, à changer de vie. Cette boule, André Sauvé la nomme «ça». Et c'est de «ça» qu'il parlera dans son troisième spectacle solo, intitulé... Ça.

«ÇA»

Ça est le titre du prochain spectacle d'André Sauvé, qu'il présentera en rodage dès le 31 juillet. «Dans la vie, nous entendons souvent qu'il faut écouter "ça", dit André Sauvé, en pointant son ventre. Ç'a l'air donc beau dit comme ça. Mais quand tu le fais pour de vrai, c'est freakant en maudit.»

Dans un long numéro («plus de 30 minutes»), l'humoriste parlera du parcours qui l'a mené au métier d'humoriste. Il raconte notamment qu'il a été peintre en bâtiment pendant deux ans: «J'étais en plein milieu d'un contrat de peinture quand ça m'a dit en dedans: "Ce n'est pas ça, ta vie." Et j'ai suivi ça. Je savais que si je n'arrêtais pas là, j'allais refaire des contrats encore et encore. Et tu vois, c'est un bon exemple de quelque chose dont on rit aujourd'hui, mais c'était extrêmement dramatique et émotif quand je l'ai vécu. Hey, j'ai écouté "ça" [il pointe son ventre]! Mais ensuite, ce n'est pas parce que tu sais que ce n'est pas ça, ta vie, que tu sais c'est quoi! Tu sais juste que ce n'est pas ça!», dit-il.

L'effet OSM

L'été dernier, André Sauvé a présenté un spectacle avec l'Orchestre symphonique de Montréal (OSM). Vu le succès de la démarche, il offre de nouvelles représentations le 24 mars à Québec et les 26, 27 et 28 mars à Montréal. Amateur de musique classique, l'humoriste est très fier de ce projet. «J'avais peur de me péter la yeule, je ne vous le cache pas. Mais je me suis souvenu de Maria Callas, dans une entrevue, qui disait qu'elle choisissait souvent des oeuvres qui lui semblaient impossibles à faire. Et quand ça semble impossible, on va chercher des ressources à l'intérieur de soi qu'on ne soupçonnait pas. Finalement, ça m'a fait un peu ça. Ça m'a changé comme événement», explique-t-il. Il reprend d'ailleurs quelques idées de ce spectacle musical dans Ça. Il ajoute que son expérience avec l'OSM lui a permis de parler de sujets plus intimes avec le public, ce qu'il continuera de faire dans son troisième spectacle.

Vivre dans les Alpes françaises

C'est dans sa maison dans les Alpes françaises qu'il a écrit pendant des mois son nouveau spectacle: «Je suis comme un ouvrier: cinq jours par semaine, dès 8 h 30, je suis devant le clavier. Le reste du temps, je vais travailler dehors, dans le jardin. Je vais suer», dit l'humoriste qui a reçu trois Olivier pour son dernier spectacle solo, Être, dont celui du meilleur spectacle de l'année. «Quand je prends mon café le matin et que je lève les yeux de ma Presse+, c'est un pic enneigé que j'ai devant moi. Et c'est comme ça à 360 degrés. Nous sommes dans le creux d'une vallée et ce sont de grosses montagnes », explique André Sauvé. Il poursuit: « Je n'aurais jamais pensé vivre cette vie-là un jour! Mais vous voyez, ça fait partie du "ça". D'écouter "ça". Si nous lâchons prise et que nous suivons notre feeling, ça peut nous emmener là. Tout ça, par contre, en ayant payé le prix de l'insécurité, parce que chaque fois que nous tournons une page, on ne sait pas c'est quoi la suivante. Et au lieu de s'accrocher à ce que nous connaissons, on fait confiance à la vie. Ça prouve que ma théorie marche! Il faut écouter "ça"!», dit-il en riant.

La puissance de la nature

«Nous avons des problèmes de sangliers qui viennent dans notre cour. Ils viennent gruger chez nous... Vous voyez, ce sont d'autres enjeux que je vis dans mon quotidien! J'aime ça, parce que ça m'emmène complètement ailleurs. Et là-bas, les locaux, ce sont des fermiers. Alors on ne discute pas de la même chose et c'est tant mieux! Ça me fait du bien! C'est ça, l'équilibre», explique André Sauvé, avec le grand sourire qu'on lui connaît.

Il confie qu'il apprend beaucoup de la nature et qu'elle lui inspire des numéros. «Dans le jardinage, je me suis rendu compte que nous ne travaillons jamais sur la plante. Tu travailles tout autour de la plante. Tu enlèves les mauvaises herbes, tu l'arroses, tu la protèges du soleil, mais tu ne travailles pas dessus. Elle, elle fait sa job toute seule. Et ça, j'apprends de ça! Dans la vie, il suffit que je me mette dans un environnement qui favorise l'éclosion. Nous n'avons pas à travailler sur la chose, on travaille autour», dit l'humoriste, dont la première montréalaise de Ça aura lieu le 9 octobre au Monument-National.