Guy Nantel aurait proposé à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse de jouer le rôle «d'un censeur» dans une vidéo promotionnelle de son spectacle, rétorque l'organisme à l'humoriste qui l'accuse d'ignorer ses questions sur les limites de la liberté d'expression.

Lundi, en point de presse, Guy Nantel a affirmé que son équipe et lui ont communiqué avec «les fonctionnaires de la Commission» pour qu'ils répondent à la question suivante: «Quelles sont les limites que je dois respecter pour le contenu de mon prochain spectacle?», dont le titre est Nos droits et libertés.

«Les trois fois, ils ont refusé catégoriquement de me rencontrer», a affirmé Guy Nantel.

Or, la Commission réplique et nuance cette affirmation.

«La demande que le Groupe Entourage a présentée à la Commission en octobre dernier concernait une participation au tournage d'une vidéo qui serait diffusée lors d'une conférence de presse pour faire la promotion du spectacle de l'humoriste», a-t-on affirmé hier dans un communiqué.

«La Commission a répondu qu'elle ne pouvait s'associer à des activités de nature commerciale et ne pouvait donc participer à ce projet.»

Dans un deuxième temps, la chargée de projet aurait proposé «un scénario» dans lequel la Commission «jouerait en quelque sorte le rôle d'un censeur qui déciderait si [ses] propos étaient acceptables». Puisque cette deuxième demande était toujours de nature commerciale, elle a été de nouveau refusée, explique-t-on.

Puis, le 25 novembre dernier, Guy Nantel se serait rendu aux bureaux de la Commission pour réclamer une entrevue sur le champ. Or, le président de l'organisme, qui agit aussi à titre de porte-parole, n'était pas présent ce jour-là, affirme-t-on. L'entrevue n'a donc pas eu lieu, mais on ne précise pas si elle aurait pu se réaliser dans d'autres circonstances, puisque la demande visait toujours à faire la promotion d'un spectacle.

Pas de faux-semblant

De son côté, Guy Nantel a précisé hier en entrevue avec La Presse la nature de ses demandes à la Commission.

«On ne leur a jamais demandé de nous faire de la publicité. [...] On allait les voir avec des idées de thèmes dans le spectacle et avec des exemples de blagues, pour leur demander si elles étaient acceptables ou pas selon leur vision des choses. La seule chose qui était un peu ''scénarisée'', entre guillemets, c'est qu'on leur disait ''si vous sentez que vous vous faites coincer dans ça, on peut vous divulguer les questions à l'avance. On ne leur demandait pas de faire semblant qu'ils étaient quoi que ce soit d'autre», a-t-il précisé, traçant un parallèle entre sa démarche et les sketches que fait Jean-René Dufort à son émission Infoman.

Finalement, pour répondre à la question de Guy Nantel sur les limites de la liberté d'expression, la Commission a rappelé dans son communiqué que «la liberté d'expression fait partie des libertés fondamentales énoncées dans la Charte des droits et libertés de la personne. Ce droit n'a toutefois pas une primauté sur les autres. [...] Ainsi, le droit à l'égalité et le droit à la dignité ont une importance égale avec la liberté d'expression, de même que le droit pour une personne d'obtenir la réparation du préjudice qu'une atteinte discriminatoire à son droit à la dignité lui a occasionné.»

La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse a refusé d'accorder une entrevue à La Presse sur cette prise de bec qui l'oppose à Guy Nantel.