Avec son quatrième one woman show Dans le champ, dont c'était la première médiatique ce mardi soir au Théâtre St-Denis, à Montréal, l'humoriste Claudine Mercier expose tout l'éventail de ses talents. Avec un bonheur et un plaisir évidents.

Claudine Mercier est entrée dans le vif du sujet avec des imitations a capella, exercice difficile dont elle s'est bien tirée même si l'aspect comique était limité. Elle a bien réussi la voix nasillarde de Coeur de pirate, l'accent acadien de Marie-Jo Thériault et les classiques Ginette Reno et Céline Dion. C'est quand Céline a chanté l'Ave Maria que l'humoriste est parvenu le plus à faire rire en additionnant bout à bout les gestes et tics scéniques de la diva de Charlemagne.

Mais Claudine Mercier est à son meilleur quand elle raconte. Son voyage sur le chemin de Compostelle est livré de manière si véridique qu'on imagine facilement la «pisse-minute» les quatre fers en l'air, renversée à terre par son lourd sac à dos.

Avec une belle énergie, sa seconde série d'imitations a fait mouche, avec une Claire Lamarche achalante, une Anne-Marie Losique tellement ordinaire, une Lise Watier typique mais plus sage, Sonia Benezra plus vraie que vraie et une Lady Gaga amusante mais moins folle que la version multimillionnaire. Une séquence du spectacle très applaudie.

Le numéro de la pêche au saumon sur l'île d'Anticosti est aussi très bon, surtout l'imitation du guide mi-Québécois mi-Amérindien au parler rustique qui lui apprend les rudiments de la pêche à la mouche.

En deuxième partie, les imitations prennent du volume avec la musique, surtout celles de Chloé Sainte-Marie et de Brigitte Boisjoli, très réussies. Dommage par contre qu'on ne saisisse pas toujours les paroles.

Le numéro sur le vieillissement est bien maîtrisé, surtout compte tenu du fait que l'humoriste n'a perdu sa maman de l'Alzheimer que depuis six mois. Mise en musique par Richard Séguin, la chanson qu'elle lui a écrite était touchante et délicate.

Son personnage de la petite fille lui a ensuite permis de régler quelques comptes, avec un regard à la fois lucide et attendri sur les choses de la vie.

Stephen Harper, le gaz de schiste, la corruption, le maire de Montréal, bien du monde passe au bat, mais sans réelle méchanceté. Juste un message comme ça en passant, avant de terminer son show par le O mio babbino caro, de Puccini.

Écrit par Claudine Mercier, avec la collaboration de Nicolas Boisvert et de Benoît Pelletier, et mis en scène par Daniel Fortin, le spectacle Dans le champ nous montre une Claudine Mercier moins incisive qu'auparavant, adoucie, plus intérieure, plus réfléchie et toujours drôle.

Une humoriste qui a mûri tout en conservant ses belles couleurs.